LE JUIF
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qui se sacrifie, qui aille comme Parsifal à travers-mille dangers à la conquête du Saint-Graal : la coupe remplie du sang d’un dieu.
L’Aryen est resté l’être candide qui sepâmait au Moyen Age en écoutant les chansons de geste, les aventures de Garin le Lolierain, d’Olivier de Béthune ou de Gilbert de Roussillon, qui, après avoir refusé d’épouser la fille d’un sultan, transperçait cinq mille mécréants d’un seul coup de lance. Il a écouté longtemps la légende de 89 comme il eût écouté le récit d’un cycle chevaleresque. Un peu plus, et les rédacteurs de la République fnn- çaise lui auraient fait croire que les membres du gouvernement de la Défense nationale, montés sur des chevaux fougueux, comme les anciens preux, avaient bravé les plus affreux périls pour gagner la bataille de l’emprunt Morgan. Pendant qu’il est naïvement intéressé par ces prouesses, rien n’est plus facile que de lui enlever sa bourse et même de lui enlever ses bottes, sous prétexte qu’elles le gêneraient pour marcher dans la voie du progrès.
A l’Aryen, je le répète, on peut tout faire; seulement il faut éviter de l’agacer. Il se laissera dérober tout ce qu’il possède et tout à coup entrera en fureur pour une rose qu’on voudra lui arracher. Alors soudain réveillé, il comprend tout, ressaisit l’épée qui traînait dans un coin, tape comme un sourd et inflige au Sémite qui l’exploitait, le pillait, le jouait, un de ces châtiments terribles dont l’autre porte la trace pendant trois cents ans.
Le Sémite, du reste, n’est nullement étonné. Il est dans son tempérament d’être oppresseur, et dans ses habitudes d’être châtié. Il trouve presque une certaine satisfaction quand tout est rentré dans l’ordre normal, il disparaît, s’évanouit dans un brouillard, se terre dans un trou où il rumine une nouvelle combinaison pour recommencer quelques siècles après. Quand il est tranquille et heureux, au contraire, il éprouve ce qu’un académicien de beaucoup d’esprit appelait la nostalgie du San Benito...
L’intelligence du Sémite, si perspicace et si déliée, est au fond bornée; il n’a ni la.faculté de prévoir, ni celle de voir au delà de son nez recourbé sur la terre, ni.le don de comprendre certaines petites nuances délicates comme des fleurs et qui sont les seules choses en ce monde qui méritent que l’homme expose sa vie sans regret.
Renan a distingué beaucoup de ces points. « La race sémitique, selon lui,se reconnaît presque uniquement à des caractères négatifs; elle n’a ni mythologie, ni épopée, ni science, ni philosophie, ni fiction, ni arts plastiques, ni vie civile; en tout, absence de complexité, de nuances, sentiment exclusif de l’unité 1 ».
1 . Histoire générale des langues sémitiques.