le petit secrétaire de Grémieux que parce qu’en dépit de son sobriquet italien , il était Juif allemand d’origine.
Il semble que, par une logique assez naturelle, le triomphe momentané du Juif doive s’incarner dans le Juif complet, dans le vrai Juif,dans le Juif le plus rampant, le plus longtemps honni, au détriment du Juif déjà décrassé, poli, civilisé, humanisé.
Il ne faudrait pas d’ailleurs attacher plus d’importance qu’il ne convient à ces divisions. Portugais ou Allemands 1 , Ashenazim ou Sephardim 2 , comme on dit à Jérusalem , tous, en dehors de dissentiments passagers, se tiennent étroitement unis contre le goy, l’étranger, le chrétien.
La question religieuse môme ne joue qu’un rôle secondaire à côté de la question de race qui prime toutes les autres. Dans ceux mêmes qui ont abandonné le Judaïsme depuis deux ou trois générations, le Juif sait retrouver les siens ; il démêle à des signes certains si une goutte de sang juif coule dans leurs veines; parfois même, — ce qui est très bien, — il épargne un ennemi parce qu’il a reconnu que c’était un frère qui avait perdu sa route.
Dans Daniel Deronda 3 , cette merveilleuse étude de l’hébraïsme pour laquelle le juif Lewes avait fait lire à sa compagne, Georges Elliot, le plus grand romancier de l’Angleterre après Dickens , deux ou trois cents volumes d’histoire, ce point est admirablement mis en lumière.
1. Portugais et Allemands attendent pour se réconcilier complètement, que l’ennemi commun, le chri-tiani'une, soit détruit. Rien n’est plus instructif sous ce rapport que le début d’une brochure publiée en 1865 au moment où il était question de la fusion des deux rites, On voit bien là que la haine du Christ est toujours aus-i vive chez les Juifs, qu’elle est leur point de ralliement à tous, qu’elle anime aussi bien les Juifs pratiquants que les Juifs prétendus libres penseurs.
Voici le préambule de cette brochure adressée à « messieurs les commissaires de la fusion :
« Messieurs, avant de modifier quoique ce soit aux formes de notre culte, une question, une grave question doit vous être présentée.
« La divinité de Jésus-Christ peut-elle résister à la lumière que notre époque a fait jaillir sur elle?
« Si cette divinité devait conserver son prestige, si l’unité de Dieu , la divinité de Jésus, la sainte Trinité et l’adoration de la Vierge peuvent encore être réunies dans un même culte sans que la raison humaine se trouve offensée, si l’heure n’est pas venue, gardons-nous, messieurs, de l’esprit de modification ou de reforme, soyons patients, résignés et remettons intact le culte de nos pères à la génération qui aura la gloire de faire triompher l’idée religieuse juste du Dieu unique. *
De la Fusion des rites portugais et allemands. — Michel Lévy.)
2. Aschkenez est, d’après la Genèse, le nom d’un des fils de Gomer, fils aîné de Japhct. D’après M. Théodore Reinach , il est considéré par les rabbins comme le père des Allemands . Sefarad est le nom biblique de l’Espagne .
3. Deux volumes, chez Calmann Lévy.