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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF

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M. Jean David, disait-il, a une grande situation politique, qui lui impo­sait dêtre dautant plus circonspect. Quand on a lhonneur de représenter un collège électoral, on est revêtu dune dignité qui ne vous appartient pas à Trous seul ; on na pas le droit de la compromettre en de semblables pro­miscuités et dêtre tour à tour le collègue dun Philippart. ou dun Giros.

Quelque amertume que jéprouve à mexprimer ainsi, je suis obligé de constater que M. Jean David et M. Brelay ont trop longtemps méconnu ces devoirs. M. Jean David était au Comptoir industriel, aux Forges de Cham­pagne, et président du conseil dadministration des Messageries fluviales

Au Comptoir, il a dirigé la Presse; il est dailleurs un des membres du conseil qui ont reconnu à laudience quon avait payé la Presse un prix de fantaisie. Il a vu finir la Banque Européenne et créer le Comptoir, il a suivi jusquau bout sa fortune; il a encouru une lourde responsabilité, que vous apprécierez.

Ces passages dune lettre que je reçois la lui feront comprendre ; elle émane dun actionnaire fort humble : « Si un pauvre diable, comme moi et beaucoup de mes camarades, navait pas vu sur les prospectus démission, les noms connus des députés de son propre arrondissement, M. Jean David, et surtout M. Brelay, aurait-il souscrit? Assurément non. Giros et Adam que vous poursuivez comme escroquerie, cela est bien ! Mais noubliez pas, je vous prie, ceux qui prêtent leurs noms pour attirer le pauvre gogo! Jean David et Brelay, voilà les coupables! Ils mont enlevé les 5,000 fr. déconomies que javais. »

A quoi cela sert-il? Vous croyez que David va courber la tête sous cette flétrissure méritée? Allons donc! il ricane comme Raynal ricanera plus tard quand on lui parlera des morts du Tonkin, il semble dire : « Ma reli­gion mordonne ce que vous condamnez; je nai que faire de vos apprécia­tions. » 11 est sûr,dailleurs, de limpunité; et, convaincu de faits punissables

depuis peu et qui était le chef du parti républicain dans le Gers , un portrait digne du tan- tastique crayon de Callot.

« Cest un grand, maigre, efflanqué, à tête de bossu, à figure grimaçante, ressemblant à ces Méphistophélès en bronze vert oxydé qui servent de chandeliers fantastiques.

« Au repos, on dirait un pendu séché sur le gibet.

« Quand il marche voûté, disloqué, on croit percevoir des bruits étranges, des bruisse­ments parcheminés de la peau que fout entendre les vieux manuscrits, et il semble que son tibia fasse castagnette sur son péroné.

« On a peur quil ne se casse comme un squelette mal numéroté et mal assemblé par des fils de fer trop lâches.

« Au moral, cest le fruit dun vol électoral.

« Il dirigea trois fois linvalidation de son concurrent, mon excellent ami Peyrusse, et par un tour de passe-passe quil déclara lui-même inexplicable et inexpliqué, il fit changer dans une nuit, étant maire de la ville dAuch , les feuilles démargement, les sacs de bulletins et se déclara élu trois jours après le scrutin qui avait proclamé Peyrusse.

« Dailleurs, cest l'habitude à Auch . Au grand jour, on fait voter les morts, les absents les indignes, et on complète lœuvre en falsifiant les votes des électeurs conservateurs.

« Quant à surveiller le scrutin, ne lessayez pas, ils sont trois cents voyous qui font une barrière infranchissable entre lurne et vous, et qui servent de paravent à la fraude électo­rale, hautement avouée et connue-bas de tout le monde. »