78
LA FRANCE JUIVE
avec d’autant plus d’indignation que l’écrivain, Juif fanatique, mais caractère droit, n’est pas de la Juiverie tripotante... et qu’ensuite il avait perdu 36,000 francs qui, selon sa pittoresque expression, « n’avaient pas été réhabilités », pas plus que les douze millions des autres actionnaires.
« Ce que je sais, dit M. Weill en terminant, c’est que M. Raynal, le gendre de Lévy Bing, la cheville ouvrière de cette malheureuse banque,
est le frère de M. Raynal, qui dans ce moment-ci est ministre de.je ne
me rappelle plus de quoi. »
Ce David Raynal , un des affidés de Gambetta, est lui-même un personnage extraordinaire. Il figure dans le Bottin de Bordeaux de 1883 avec un nommé Astruc sous la mention suivante :
Astruc (Fernand) et Raynal (David), agents maritimes et transitaires, commissions, consignations, agence de transit de la Compagnie du Canal de Suez et vice vers a, sardines à l’huile et à la tomate pour l’exportation, rue Vauban, 10.
On devine quelle indépendance ce ministre, qui est commissionnaire en marchandises, devait apporter dans les négociations avec les compagnies de chemin de fer et autres.
Je reçus un jour la visite de ce Bing, homme fort remarquable et qui a toutes les allures d’un respectable vieillard. Il voulait, lui aussi opérer sa petite révolution; c’était la langue qu’il visait, et il avait publié un gros volume intitulé la Linguistique dévoilée, dont la conclusion était celle-ci : « L’emploi de la langue phénicienne s’impose nécessairement. » Ne croyez pas à une fantaisie. Le besoin est tel, chez les Sémites, de tout déranger, de prendre possession de tout, d’imposer aux chrétiens vaincus leur idiome, leurs mœurs, leur façon de voir, que le projet compte de nombreux adhérents.
Un M. de Malberg a patronné cette idée dans le Moniteur Universel , il propose de fonder une académie de polyglottes « qui s’occupera de la confection de la grammaire et du dictionnaire d’une future langue universelle aussi simple, aussi intelligible pour tous les peuples, et aussi rapprochée que possible du phénicien, la langue originelle. »
Les Juifs , — Jules Simon en tête, — sont les plus déterminés adversaires de la peine de mort, non point pour la peine elle-même, puisqu’on l’appliquait fréquemment dans le royaume d’Israël , mais parce que les formalités religieuses nécessaires pour l’exécution d’un Juif seraient très difficiles à observer à notre époque.