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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Laristocratique public des mardis applaudissait à tout rompre au Théâtre- Français des plaisanteries contre la religion. Une pièce au contraire est- elle jouée ligure un Juif en désagréable posture, on empêche par tous les moyens de la représenter, ou on la fait tomber. Ce nest pas seulement le Consistoire qui intervient ; chacun dans sa petite sphère défend la race comme il peut.

Un peu après 1830, on devait représenter à la Gaîté une pièce intitulée le Prêteur sur gages, l'usurier était un Juif. Un enfant de 17 ans va trouver le directeur, qui était alors le vertueux Marty, celui qui ne consen­tait à jouer dans un drame qu'à la condition de donner sa bénédiction à la fin ; il lui explique la chose, Marty pleure à chaudes larmes, bénit le jeune homme, et lusurier devient un Chrétien.

Sous lEmpire, un opéra-comique, Don Pedro, dans lequel un Juif espa­ gnol avait un vilain rôle, déchaîne une véritable tempête.

Le JuifFould en arriva à interdire absolument quon mît un Juif au théâtre. Dans son remarquable ouvrage, la Censure dramatique et le Théâtre, M. Hallays-Dabot fait remarquer le ridicule de cette mesure.

Le théâtre, écrit-il, a ses habitudes, ses mœurs, ses conventions, dont il est difficile de ne point tenir compte; lhistoire a ses types que lon ne peut supprimer dun trait de plume... Si la personnalité religieuse a droit au respect, condition fondamentale de la liberté de conscience, la première de toutes les libertés, il nen saurait être de même du type essentiellement humain dune race qui, en tant que race, appartient à la critique, au roman, au drame par ses éminentes qualités comme par ses défauts naturels.

Les instructions ministérielles furent néanmoins exécutées, les Juifs disparurent de toutes les pièces. On alla plus loin, on châtra Shakespeare , pour ne pas blesser des circoncis!

aurore 'delà liberté de conscience na pas lui encore, el pour ceux que le malheur accable. Et parmi ces individus, comment naurions-nous pas une pensée pour celui qui vient de succomber, auteur, nous ne savons, mais en tout cas première victime dun grand sinistre financier qui frappe en même temps et la placé de Paris et la région de lEst ? Cest en dehors de la société de ses proches et séparé même de la société de ses semblables par de trop rigou­reuses exigences judiciaires qua célébré la Pâque l'auteur de ces Méditations religieuses publiées il y a dix ans. »

Comme en termes galants ees choses- sont mises

Comme tout cela est tendre et fin 1 Est-il possible d'indiquer plus délicatement quun coreligionnaire a desdémêlés avec Thémis? Supposez que condamné, non pour avoir voulu prendre largent dautrui, mais pour avoir défendu la vérité, je célèbre Peçach dans une prison, quel journal catholique penserait à menvoyer un souvenir? quel confrère parlerait de moi en ces termes affectueux?