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LA FRANCE JUIVE
L’aristocratique public des mardis applaudissait à tout rompre au Théâtre- Français des plaisanteries contre la religion. Une pièce au contraire est- elle jouée où ligure un Juif en désagréable posture, on empêche par tous les moyens de la représenter, ou on la fait tomber. Ce n’est pas seulement le Consistoire qui intervient ; chacun dans sa petite sphère défend la race comme il peut.
• Un peu après 1830, on devait représenter à la Gaîté une pièce intitulée le Prêteur sur gages, où l'usurier était un Juif. Un enfant de 17 ans va trouver le directeur, qui était alors le vertueux Marty, celui qui ne consentait à jouer dans un drame qu'à la condition de donner sa bénédiction à la fin ; il lui explique la chose, Marty pleure à chaudes larmes, bénit le jeune homme, et l’usurier devient un Chrétien.
Sous l’Empire, un opéra-comique, Don Pedro, dans lequel un Juif espa gnol avait un vilain rôle, déchaîne une véritable tempête.
Le JuifFould en arriva à interdire absolument qu’on mît un Juif au théâtre. Dans son remarquable ouvrage, la Censure dramatique et le Théâtre, M. Hallays-Dabot fait remarquer le ridicule de cette mesure.
Le théâtre, écrit-il, a ses habitudes, ses mœurs, ses conventions, dont il est difficile de ne point tenir compte; l’histoire a ses types que l’on ne peut supprimer d’un trait de plume... Si la personnalité religieuse a droit au respect, condition fondamentale de la liberté de conscience, la première de toutes les libertés, il n’en saurait être de même du type essentiellement humain d’une race qui, en tant que race, appartient à la critique, au roman, au drame par ses éminentes qualités comme par ses défauts naturels.
Les instructions ministérielles furent néanmoins exécutées, les Juifs disparurent de toutes les pièces. On alla plus loin, on châtra Shakespeare , pour ne pas blesser des circoncis!
aurore 'delà liberté de conscience n’a pas lui encore, el pour ceux que le malheur accable. Et parmi ces individus, comment n’aurions-nous pas une pensée pour celui qui vient de succomber, auteur, nous ne savons, mais en tout cas première victime d’un grand sinistre financier qui frappe en même temps et la placé de Paris et la région de l’Est ? C’est en dehors de la société de ses proches et séparé même de la société de ses semblables par de trop rigoureuses exigences judiciaires qu’a célébré la Pâque l'auteur de ces Méditations religieuses publiées il y a dix ans. »
Comme en termes galants ees choses-là sont mises
Comme tout cela est tendre et fin 1 Est-il possible d'indiquer plus délicatement qu’un coreligionnaire a desdémêlés avec Thémis? Supposez que condamné, non pour avoir voulu prendre l’argent d’autrui, mais pour avoir défendu la vérité, je célèbre Peçach dans une prison, quel journal catholique penserait à m’envoyer un souvenir? quel confrère parlerait de moi en ces termes affectueux?