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LA FRANCE JUIVE
l’empereur Constance. L’épitaphe du malheureux fut retrouvée et décrite par Pierre Bérenger, médecin provençal. Tillemont, au tome IV de son Histoire des Empereurs, mentionne également ce fait que met en doute cependant dom Liron, dans les Singularités historiques et- littéraires.
Si la présence de quelques Juifs, venus en meme temps que les Romains, n’est point contestée, il est difficile d’admettre avec Renan que les Juifs aient fait des conversions parmi les personnes « animées de sentiments religieux délicats », pour employer le style particulier de l’écrivain 1 2 . L’affirmation que la Synagogue soit restée à côté de l’Église « comme une minorité dissidente » ne repose absolument sur aucun témoignage a .
La vérité est que les Juifs, plus préoccupés qu’ils ne le disent du compte qu’ils auront à rendre du rôle joué par eux dans les dernières persécutions religieuses craignent que ce qu’ils appellent « le second séjour des Juifs en France » ne se termine comme le premier. Ils voudraient arguer d’un vieux titre d’habitation dans cette France, sur le sol de laquelle ils ont toujours vécu en nomades, sans contribuer en rien au développement de la civilisation générale.
C’est en Bretagne seulement, où les Juifs furent assez nombreux jusqu’au vm e siècle, que l’existence d’une colonie sémitique, venue là à une époque très reculée, pourrait se soutenir. Les signes sculptés dans les grottes de Gavrinis présentent plus d’une analogie avec la hache symbolique gravée sur les monuments égyptiens. Les souvenirs encore vivants dans les traditions du pays, d’une cité fabuleuse qu’on appelait Is, d’un roi entouré d’un luxe tout oriental, qu’on appelait Salomon, reviennent parfois à l’esprit devant ces fontaines ombragées du figuier biblique et qui font songer à Siloë. Alphonse de Rothschild, qui cherche toujours à grouper tous les frères dispersés pour son futur royaume, est venu faire un tour du côté
1. Le Judaïsme comme race et comme religion.
2. C’est une variante adoucie de la fameuse thèse soutenue par Disraëli dans son Essai sur la vie politique de lord Georges Bentinck.
D’après lui, les Juifs auraient tout apporté au monde; ils auraient civilisé à eux tout seuls des races immenses, comme la race teutonique, la race slave. Dans quelques années on enseignera cela dans nos collèges, et ce sera un article de foi dans toutes les Académies où les Juifs l’imposeront; il est permis encore d’affirmer que cette thèse est absolument nsensée.
Voici le passage principal de Disraëli :
« Les relations existant entre cette race de Bédouins qui, sous le nom de Juif, se retrouve dans toutes les parties de l’Europe et les races teutoniques, slaves et celtiques qui occupent cette partie du monde, formeront un jour un des plus remarquables chapitres d’une histoire philosophique de l’homme.
« Les Saxons, les Slaves et les Celtes ont adopté la plupart des coutumes de ces tribus arabes, ainsi que leur littérature et leur religion tout entière; ils leur sont donc redevables de la plus grande partie de ce qui règle, charme et adoucit les mœurs. »