LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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d’hui quand ils déplaisent aux Juifs. Pour moi, j’ai infiniment plus de confiance dans le récit d’un ancêtre qui me raconte ce qui s’est passé de son temps que dans les dénégations d'un Darmesteter ou d’un Weil, fût- il membre de l’Académie des inscriptions .
Nous traiterons, d’ailleurs, à fond la question du sacrifice sanglant au livre VI* f ce qui est certain, c’est que tous les chroniqueurs sont unanimes à nous raconter des assassinats d’enfants chrétiens par les Juifs.
Les hommes d’autrefois n’étaient pas, comme les Français dégénérés d’aujourd’hui, des êtres veules et sans ressort, subissant patiemment toutes les infamies; ils entendaient défendre leurs enfants, et les protestations étaient énergiques.
La faculté spéciale aux Juins ae pomper toute la richesse d’un pays, dès qu’on les laisse à peu près tranquilles, s’était développée en outre dans des proportions excessives. De toutes parts des plaintes montaient vers le trône.
Appuyés par le peuple et l’Église, résumant du consentement général toute l’autorité en eux, les Capétiens, ne l’oublions pas, étaient des pères de famille autant que des rois.
Philippe-Auguste , à son avènement au trône, dut s’occuper de cette question, et il la résolut dans le sens de la pitié pour tous ces malheureux dépouillés qui étaient son peuple.
Il confisqua une partie des biens des Juifs, et fit remise aux débiteurs de toutes leurs dettes. Ce qui prouve, quoi qu’on en ait dit, qu’il ne fut guidé, en prenant cette ordonnance, par aucune pensée personnelle, c’est que c’est à peine s’il perçut pour lui le cinquième des sommes reprises.
Napoléon, nous le verrons plus tard, fut obligé d’agir à peu près de même. Tout souverain ayant la notion de son droit total, et ne se contentant pas de détenir une sorte de gérance dérisoire, devrait, qu’il fût empereur ou roi, se comporter de la même façon aujourd’hui. Il dirait évidemment à tous ces organisateurs de sociétés financières plus ou moins suspectes qui ont ruiné les actionnaires en enrichissant les fondateurs : « Vous n’avez pas acquis les milliards que vous possédez par le travail, mais par la ruse. Vous n’avez créé aucun capital, vous avez pris celui qui avait été économisé par les autres; restituez quelques milliards sur les trente ou quarante que vous avez indûment acquis. » Nul ne trouverait mauvais que MM. de Rothschild , par exemple, se contentassent de cinq ou six cent mille livres de rentes. On vit avec cela, même à plusieurs.
Saint Louis, ce chevalier sans peur qui réunit en lui ces deux formes de l’idéal, le saint et le paladin, semble avoir voulu juger la question