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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

pour eux. Leur littérature témoigne de cet état desprit. Aux petits vers, aux poèmes badins, aux épithalames que lon récite au dessert, dans les repas de noces, succèdent les solichas, les plaintives élégies.

Les Juifs partout murmurent maintenant les lamentations de Zerachie Ha Levy, surnommé Haisghari, lauteur du Ruah hen, Esprit de grâce :

Hélas! la fille de Juda est revêtue de deuil parce que les ombres du soir se sont étendues.

Espère en ma bonté, ô ma colombe. Je relèverai comme jadis encore mon tabernacle ; jy préparerai une lampe à David ton roi. Et lorsque tu seras reblanchie, je réprimerai ces bêtes féroces qui se sont tenues en embuscade pour te dévorer, ô ma belle colombe, dont la voix est agréable.

Partout il faut vendre les petites écoles, scholae inferiores, lon enseignait avec tant de joie à blasphémer la religion chrétienne. A Nar­bonne, lécole de la paroisse Saint-Félix est vendue 350 livres tournois; à Orléans, une petite école est cédée pour 140 livres parisis; une autre, plus grande, pour 340 livres.

Pendant des siècles, les Juifs ont attendri le monde sur ces malheurs et, aussitôt quils ont eu un semblant dautorité, ils ont fait fermer les écoles des autres.

Je me rappelle encore un vieux prêtre forcé de sexiler et qui me mon­trait, avec des larmes dans les yeux, ses appareils scientifiques qui avaient été brisés pendant la traversée. Prenez donc, au moment des expulsions, la collection de la République française du Juif Gambetta, du Rappel du Juif Paul Meurice, de la Lanterne du Juif Eugène Mayer, du Paris du Juif Weil-Picard,' des Débats le Juif Raffalovich partage linfluence avec Léon Say, lhomme des Rothschild: ils poussent des cris de joie sauvage au spectacle de ces pauvres religieux obligés dabandonner leur œuvre commencée, de dire adieu à ces élèves qui sont leur unique famille dans le monde.

Il faut rendre cette justice aux Juifs, si insolents et si méprisables dans la prospérité, quils supportent admirablement ladversité. Dans les persé­cutions ils furent superbes; les mères souvent jetèrent elles-mêmes leurs enfants dans les flammes de peur quon ne les baptisât.

Lexécution de Troyes a laissé sa trace dans un poème élégiaque qui est est un des rares monuments en langue vulgaire que nous aient donné les Juifs au Moyen Age.

Moût sont a mechief Israël, lëgarée gent E is ne poet mes sis, se vont enrayant;

Car d'entre os furet ars meinzproz cors sage et gent