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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

dant d'opposer aux phrases hypocrites des Juifs leur véritable sentiment envers les cnrétiens. La chose est d'autaqt plus frappante que, depuis cent ans, pas un de « ces pauvres calotins » na dit un mot contre les Juifs, na réclamé une mesure de violence contre eux.

Il existe quelque diflérence, on sen rend compte une fois de plus, entre lhistoire telle quon la comprend dans les Académies et dans les salons de faux catholiques, et lhistoire réelle, telle que la voient dans les faits les penseurs épris de vérité.

Le courage montré par les victimes de Troyes n'en est pas moins admirable. Pour apprécier comme il convient cette force dàme, il faut se reporter à lépoque ces scènes se passèrent. La société était absolument religieuse ; en se plaçant en dehors des croyances générales, le Juif ne se mettait pas seulement hors la loi, pour employer le mot de Hégel, que nous avons déjà cité, il se précipitait en quelque sorte « hors de la nature ». Quel espoir de lutter contre tant de forces réunies avait en effet cette pauvre nation qui, depuis la chute du Temple, avait trouvé son Dieu sourd à toutes ses prières ?

Lénergie des Juifs, encore une fois, fut merveilleuse. Je ne parle pas du courage montré devant les insultes, devant les bourreaux, en face des bûchers ; je parle de lénergie, plus rare, quil faut pour résister à un courant, à linfluence du milieu, au sentiment dune implacable impuissance.

Rapprochez cette attitude des bassesses que font devant un gouverne­ment quils méprisent des gens bien posés, riches, qui nont quà attendre, et jugez...

Alors, mais alors seulement, le Juif devient le personnage qua peint Michelet dans une page incomparable qui a la vigueur et laccent de vie étrange dune eau-forte de Rembrandt:

Au Moyen Age, écrit-il, celui qui sait est lor, le véritable alchi­miste, le vrai sorcier, cest le Juif, ou le demi-Juif, le Lombard. Le Juif, lhomme immonde, lhomme qui ne peut toucher ni denrée ni femme quon ne la brûle, lhomme doutrage, sur lequel tout le monde crache, cest à lui quil faut sadresser.

Prolifique nation, qui, par-dessus toutes les autres, eut la force mul­tipliante, la force qui engendre, qui féconde à volonté les brebis de Jacob ou les sequins de Shylock. Pendant tout le Moyen Age, persécutés^ chassés, rappelés, ils ont fait lindispensable intermédiaire entre le fisc et la'victiine du lise, entre largent et le patient, pompant lor den bas et le rendant au roi par en haut avec laide grimace... Mais il leur en restait toujours quelque chose... Patients, indestructibles, ils ont vaincu par la durée.