Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
198
Einzelbild herunterladen
  

<98

LA FRANCE JUIVE

pulation; elle ne se monte quà cent huit mille sept cent trente Juifs. Je consens de vous faire don de cent mille Juifs en sus; cest tout ce que je puis faire pour votre service. Les Parsis, vos anciens maîtres, ne sont pas en plus grand nombre. Vous voulez rire avec vos quatre millions...

Rapprochez ce chiffre donné par un homme, très superficiel sans doute, mais qui était activement mêlé au mouvement de son temps, du chiffre de huit millions de Juifs ouvertement déclaré aujourd'hui *. Vous compren­drez bien le grand silence quIsraël avait fait tout à coup autour de lui pour se consacrer à un travail souterrain contre la société. Lespèce de re­cueillement dans lequel le Juif était entré avait permis à lEurope , pendant tout le xviii* siècle, de vivre relativement tranquille et de cultiver les Mu­ses en paix avec des intermèdes de petite guerre qui, nétant ni des con­flits de race, ni des luttes de religion, ne tuaient pas grand monde. On se saluait de lépée avant la bataille, on se serrait la main après, et lon allait ensemble à la comédie.

A la fin du xviii* «siècle, cependant, quelques Juifs paraissent avoir réussi à sétablir à Paris dans des conditions bien précaires.

En dehors des nomades, plus ou moins recéleurs, qui se glissaient en­tre les mailles de la loi, on tolérait dans la capitale quelques familles jui­ves du rite allemand venues de la Lorraine et de lAlsace; elles avaient pour syndic chargé de les représenter un nommé Goldsmidt, dont les des­cendants, je crois, ont un hôtel somptueux rue de Monceau, et portent mô­me un titre nobiliaire quils nont certes pas gagné aux Croisades ; elles étaient soumises à un exempt de police nommé de Brugères et devaient se présenter chez lui tous les mois pour faire renouveler leur permis de 6éjour : il restait le maître de refuser le visa et dexiger le départ immédiat de Paris . Cétait absolument, on le voit, la mise en carte quon applique à certaines catégories de femmes.

Outre ces familles, il existait encore à Paris une petite colonie de Juifs portugais qui, originaires de Bordeaux pour la plupart, participaient à la situation privilégiée quavaient méritée aux Juifs de cette ville une certaine tenue, un mérite réel, et un respect relatif, étonnant chez des Israélites , de la religion de ceux qui leur avaient accordé lhospitalité.

t. Mirabeau, autrement au courant de la question, nétait guère plus près de la vérité. Dans son Essai sur iloses Mendelssohn, il indique, daprès les tables statistiques de liremlel, un chiffre de 962,095 Juifs en tout, en faisant remarquer que ce relevé très inexact, est proba­blement diminué de près de moitié. Selon lui, il y a en France (en 1781) 3,045 familles Israé­ lites à 5 par famille, soit 15,225; en Alsace 4,200: ce chiffre, fait remarquer Mirabeau, est trop faible dau moins 6,000. (Voir livre I.)