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LA FRANCE JUIVE
Toutes ces déclarations doivent être inscrites sur un registre qu’on présentera à toute réquisition.
En parlant des Juifs portugais à Paris , il nous faut réserver une place à part au célèbre Peixotto. Nous trouverons dans la vie de ce millionnaire bien des noms qui ont été portés par des personnages de notre connaissance, le nom de Dacosta ou d’Acosta, qui est celui de l’assassin de nos prêtres, le nom de Catulle Mendès , qui, pour décider Sarah Bernhardt à jouer la pièce des Mères ennemies dans laquelle le Juif a un si beau rôle, parodiait la Salutation Angélique et écrivait à la comédienne : « Je vous salue Marie pleine de grâce. »
Peixotto lui-même est un vrai Juif moderne : il a, du type que nous coudoyons chaque jour, les vices grossiers, la gloriole sotte, l’arrogance, le perpétuel besoin d’être en scène et de iaire parler de soi.
En 1775, il commence à faire retentir tout Paris de sou procès en séparation avec sa femme.
Le Mémoire pour la dame Sara Mendez d'Acosta , épouse du sieur Samuel Peixotto contre le sieur Samuel Peixotto sur une demande en nullité de mariage et sur le divorce judaïque, nous apprend l’origine du personnage et la façon dout il s’était marié :
Le sieur Peixotto, dit le préambule de ce Mémoire, est né à Bordeaux , au mois de janvier 1741, de parents Juifs portugais; en 1761, il fut envoyé par la dame sa mère en Hollande et à Londres . Son père avait été un des banquiers les plus accrédités de l’Europe , et il lui convenait de suivre la même carrière, presque la seule dans laquelle un homme de sa nation puisse se distinguer. Il fut adressé dans la capitale de l’Angleterre au sieur Mendez d’Acosta, maison très connue dans la banque, et liée depuis longtemps à celle de Peixotto par les correspondances de commerce, ainsi que par les rapports de nation et de religion.
Il fut bien accueilli; il eut l’occasion de voir la jeune Sara Mendez, et l’épousa à la synagogue des Juifs portugais de Londres .
Rien n’était plus régulier qu’un tel mariage. Peixotto soutint néanmoins qu’on avait abusé de son innocence ; il fit déclarer cette union nulle en décembre 1775, par un jugement par défaut contre lequel sa femme appela en lui intentant un procès qui, nous apprend Bachaumont, commença à être plaidé le 30 mars 1778.
Peixotto cependant ne paraît pas avoir eu beaucoup à se plaindre de sa compagne, puisqu’il ne lui reproche que d’être de mauvaise humeur et de commencer à être sur le retour; en outre, d’être acariâtre, minutieuse et contredisante.