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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

trop cuire le dîner de son mari : etiam obcibum ejus nimis ardore coctumK

Avec le sans-gêne qui caractérise ces gens-, Peixotto citait lexemple dun prince allié à la famille royale pour prouver que lon navait pas le droit de se marier à létranger sans la permission du roi; il rappelait lan­nulation du mariage du duc de Guise avec M Ue de Berghes. A quoi les avocats répondaient, ce quils ne se permettraient plus de dire aujourdhui, quun banquier, «qui nétait pas Français , quoique naturalisé, mais Juif, » nétait peut-être pas le duc de Guise.

Laversion de Peixotto pour les liens du mariage sexpliquait par des raisons que les chroniqueurs du temps ne nous ont point cachées. Les vilains goûts du banquier étaient fort connus à Paris . A la date du 18 oc­tobre 1780, Bachaumont écrit :

Le sieur Parizot, ci-devant directeur des élèves de lOpéra, auteur et acteur, a un ordre de début pour les Italiens. Lorsquil sest présenté à l'assemblée pour se faire agréer des comédiens, le sieur Michu a témoigné de lhumeur et sest écrié : « Je crois quon veut nous infecter de tous les farceurs du boulevard. » Le sieur Volange présent, humilié de la réilexion lui a dit : « Monsieur Michu, si je ne respectais votre sexe, vous auriez af­faire à moi. >» Et toute la troupe de rire: il a en effet la réputation d'un har- dache et dappartenir au plus vilain débauché de France , à un Juif, nommé Peixotto, très riche et qui lentretient comme sa maîtresse.

Nous avons des mœurs de Peixotto un autre témoignage dans le Parc aux Cerfs ou l'Origine de laffreux déficit; mais il est vraiment difficile de parler de laventure avec la Dervieux et de la gravure avec plumes de paon qui accompagne le texte.

Je livre le tout aux éditeurs juifs de la rue du Croissant, qui pourront attribuer lhistoire à quelque honnête homme de chrétien et sattirer ainsi lestime de la Franc-Maçonnerie juive .

Le bruit fait par Peixotto ne devait pas cesser de sitôt.

A la suite de quelles circonstances Peixotto alla-t-il se faire baptiser en Espagne , le 18 août 1781, par don Jean Dini de la Guerra, évêque de Siguenza ? Je lignore ; toujours est-il quil offrit à léglise du village de Talence , dans le Bordelais, près duquel il possédait un château, un tableau commémoratif destiné à être placé sur le maître-autel et qui était le comble du comique.

Ce tableau avait pour sujet le baptême de Peixotto. Peixotto était en santo benito, lépée au côté, présenté par son parrain le roi dEspagne à la sainte Vierge. Marie, élevée dans un nuage, tenait dans ses bras lEnfant

1. Voir livre I.