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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCK

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Jésus et ouvrait la bouche, d sortait un ruban couleur de feu sur lequel on lisait ces mots : « Étant de ma famille, il était juste quil me fût pré­senté par le roi catholique 1 . »

Il faut reconnaître que les plus fameux grotesques daujourdhui, Hirsch faisant tracer ses armes sur le sable de son écurie de Beauregard, Ephrussi sinstallant bravement dans la glorieuse demeure des de Luynes, Roth­ schild disant au duc dAumale : « Je partage la passion quavaient nos an­cêtres pour la chasse, » napprochent pas encore de ce ridicule.

Le curé de Talence , on le comprend, fut indigné de cette charge ; il consulta larchevêque, et le tableau fut retiré de léglise.

Peixotto ne se tint pas pour battu, il sadressa à larchevêque, il lassura quil était cohen, prêtre-roi, et quil devait être placé sur lautel, quil y serait dautant mieux quil appartenait aux deux cultes. La congrégation, rassemblée par Monseigneur en son château de Beauséjour, ne fut pas convaincue et éconduisit Peixotto sans aucun ménagement.

Peixotto, qui voulait absolument être reconnu comme cohen, accumula les preuves qui attestaient quil possédait le cohennat de père ep fils. Il cita un extrait du registre des Juifs de Bordeaux : « Le zélé Jean Cohen Peixotto fonda le 16 du mois de Nissam, année du monde 5465 (selon la supputation israélite), une synagogue dans sa propre maison et fit présent dun Pentateuque avec ses ornements. On lui donna la première place par sa qualité de cohen et la prééminence sur tous les autres Israélites . »

Les rabbins de Hambourg et de Londres confirmèrent inutilement ces attestations; cohen ou non, Peixotto ne put figurer dans léglise de Talence . En tout cas, la Révolution, qui immola tant dillustres victimes, en vertu du principe dégalité, fut indulgente pour cet ami des privilèges. La Ter­reur, qui tua Maleslierbes, André Chénier , Lavoisier , le vieil abbé de Féne­ lon , un nonagénaire qui avait été le bienfaiteur des malheureux, ne tua pas Peixotto.

Peixotto en fut quitte pour une amende, comme tous les Juifs de Bor­ deaux dailleurs, à part un seul.

Le 16 décembre 1793, la commission militaire rendait le jugement sui-

l. Généalogie curieuse et remarquable de monsieur Peixotto, Juif dorigine, chrétien de profession et banquier de Bordeaux . « Ouvrage destiné à prouver aux mécréans que Peixotto descend en ligne directe dAdam, de Noé, dAaron et de tous les cohens de luni­vers. »

La brochure porte cette épigraphe :

Verum hæc tantum inter alias extulit urbes Quùntum lenta soient inter viburna cupressi.

A Avignon , de l'imprimerie dAubanel, libraire de Sa Sainteté, 1189.