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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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toute la pompe qui accompagnait, même à la chasse, le maître du plus beau royaume du monde, heureux, souriant, de bonne humeur.

Soudain, dans les environs de ce Versailles qui éveille encore dans les­prit une idée de grandeur etde majesté mélancolique, comme limpression dun soleil qui se couche dans la pourpre, au milieu de lallée de Roquen- court, le roi aperçoit quatre vieillards à figure étrangère portant un cercueil que recouvre un drap grossier. Une petite troupe dindividus au type oriental, au nez allongé, à la mine humble, suivait. Sur lordre du monar­que, le capitaine des gardes sinforme ; il apprend au roi que ce sont quel­ques-uns de ces Juifs, qui viennent trafiquer à Versailles de matières dor et dargent, qui transportent le cadavre dun de leurs coreligionnaires au ci me- tière de Montrouge .

La noble pitié que nous éprouvions tout à lheure prend au cœur cet honnête homme de roi, si faible, si incapable de tout acte viril, mais si bon aussi. Le souvenir des infortunés quil a croisés en route le suit dans ce palais magnifique il trône encore dans léclat de sa toute-puissance. U appelle Maleslierbes, il le gagne à ses idées généreuses. En 1788, une coud mission est formée pour rechercher les moyens daméliorer le softdes Juifs . Présidée par Maleslierbes, cette commission appela auprès delle quelques Israélites considérés dans leur monde : Furtado et Gradis, de Bordeaux ; Cerfbeer, de Nancy ; Jacob LaXardet Jacob Trénel, de Paris .

Hélas ! le débonnaire, qui soccupait des misères des autres, était déjà promis à léchafaud. Le jour du sacre il sétait, selon le cérémonial, couché quelques instants dans un linceul de velours noir qui avait été porté sur tombeau de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle , et moins heureux que le youtre dont la bière indigente lavait apitoyé, il ne devait même pas avoir de cer­cueil. Du premier roi très chrétien qui se fût intéressé âux Juifs, le cadavre mutilé devait aller, sans être même recouvert dun lambeau de drap, de la planche sanglante de léchafaud à la fosse de chaux vive de la rué dAnjou.

A la date du 21 janvier, jai cherché quelquefois dahs les journaux juifs, la Lanterne de Mayer, la Nation de Dreyfus, lés journaux des frères Slmond, un mot déloge ou de compassion pour cet homme Si humain qui avait le premier, en France , essayé daméliorer la situation dIsraël ; je nai jamais rencontré que les plus brutales invectives sur ce Gapet justement puni, peut- être, pour avoir pensé quon pouvait traiter les Juifs autrement qüe comme des chiens 1 .

I. Parfois on lit à cette date, dans ces journaux, des annonces telles que celle-ci du 2l jan­vier 1884 :

« A l'occasion de lanniversaire de lexécution de Louis XVI , une grande conférence-con-