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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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Illuminés, qui se proposait pour but principal la destruction du catholicisme.

Lénigmatique comte de Saint-Germain allait de ville en ville portant le mot dordre mystérieux, resserrant le faisceau des loges entre elles, achetant partout ceux qui étaient à vendre, troublant les esprits avec des prestiges ou des sornettes débitées avec un imperturbable aplomb.

Il faut se gardef cependant dattacher à ces préparatifs de la Révolu­tion, indispensables dailleurs à étudier, les proportions étranges et fantas­tiques que leur ont données les dramaturges et les romanciers. Si lécrou­lement est formidable, les moyens employés pour détruire lancienne France furent en réalité assez simples.

Les Francs-Maçons sétaient débarrassés du seul ennemi quils eussent sérieusement à craindre dans cette société inattentive et frivole : le Jésuite . Très délié, très perspicace, le Jésuite personnifiait lesprit français en ce quil a de meilleur, le bon sens, lamour des lettres, léquilibre de lintelli­gence qui firent notre xvii e siècle si grand dans lhistoire; très informé, sans lêtre aussi bien que le Juif, il avait et il a encore pour lui un certain don de flairer laventurier cosmopolite : il le devine dinstinct, comme le P. Olivaint, dans Jack de Daudet, devine immédiatement la noblesse de contrebande dIda Barency; il aperçoit le point noir chez les êtres de cette nature, non point à un défaut dans les maniérés, qui quelquefois sont cor­rectes, mais à un certain manque de culture intellectuelle. Le système déducation des Jésuites , en outre, leurs exercices de logique forment des hommes capables de réfléchir, de ne pas se laisser prendre aux mots *.

A tous ces points de vue, cet adversaire, très mêlé aux affaires du monde sans ressentir aucune des passions, de la terre, était gênant, et lhabileté suprême des Francs-Maçons fut de léloigner du théâtre sur lequel ils allaient agir. t "

Les Jésuites virent bien le péril qui menaçait la France , puisque, dès 1774, le P. de Éeauregard avait annoncé dans la chaire de Notre-Dame quune prostituée serait adorée dans ce temple il venait dannoncer la parole de Dieu ; mais ils ne oupçonnèrent pas, on le croirait du moins, que cétait le Juif qui tenait .es cartes. La force du Juif alors était sa fai-

1. Joseph de M&istre a expliqué admirablement cet antagonisme. « Un corps, une asso­ciation dhommes marchant invariablement vers un certain but, ne peut (sil ny a pas moyen de lanéantir), être combattu et réprimé que par une association contraire. Or, lennemi capital, naturel, inné, irréconciliable de l'illuminé, c'est le Jésuite . Ils se sentent, ils se découvrent comme le chien et le loup. Partout on les laissera faire, il faudra que lun dévore lautre. »

Rabaud Saint-Etienne, protestant et révolutionnaire, a résumé la question en une pnrase : Sans labolition préliminaire des Jésuites, la Révolution française était impossible.