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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Lorsque le 10 novembre 1806, racontait ce journal en 1865, le maréchal Ney occupa Magdebourg, il reçut la visite des autorités et des notables de la ville. Le Maréchal avait demandé expressément que les notables de toutes les confessions lui fussent présentés. Après quils eurent passé devant lui, il demanda sil ny avait point de représentant de la communauté israélite. La ville de Magdebourg, réplique un des assistants, jouit du privilège de ne point avoir de Juifs parmi ses habitants; il ny en a quun ici et il est toléré pour des raisons particulières. Vous voulez parler des Israélites, repartit le Maréchal, la France ne connaît pas de Juifs: du reste, messieurs, domine la France, il ny a plus de privilèges, et à partir de ce moment légalité des cultes est à Magdebourg lunique principe admis.

« Il y a aujourdhui à Magdebourg, disait en terminant le journal israé­lite allemand, 5.000 de nos coreligionnaires! et lun deux est membre du conseil municipal. »

Les Archives, qui rapportent ce fait, ne se prononcent pas nettement sur le fait de lorigine juive de Ney.

« Nous ajouterons, nous disent-elles, que Ney, originaire de Sarrelouis, a longtemps passé pour être dextraction juive; il naura pas fallu beau­coup danecdotes comme celle que nous venons de rapporter pour lui faire cette réputation. »

Nous l'avons prouvé, laffirmation de Disrafdi sur Masséna paraît tout au moins hasardée ; elle nest point, cependant, absolument improbable. En ce cas, le petit fils du maréchal, le duc de Ilivoli, qui a épousé récem­ment une Juive, M"" Heine, veuve elle-même du général duc de la Mos- kowa, qui passait pour descendre des Juifs, aurait obéi à une sorte dat­traction de race que nous avons constatée assez souvent dans le cours de cet ouvrage. Pour le maréchal Soult, la supposition de Disraeli me paraît absolument romanesque, quoiquil figure dans un Plutarque juif en même temps que Jules Janin.

Daprès le Petit Journal, le premier officier juif de larmée française aurait été M. Marqfroy, mort il y a trois ans, à Biarritz, âgé de 95 ans :

II avait fait les dernières campagnes de lEmpire et avait atteint le grade de capitaine.

Le père du défunt était propriétaire du château de Marracq, à Bayonne, quil vendit à Napoléon 1 er , et celui-ci attira et retint le roi dEspagne et son fils, plus tard Ferdinand VII.

M. Marqfroy, dans une audience quil avait eue de Napoléon 1 er , avait obtenu de faire admettre ses fils dans une école militaire.

Les écoles de lÉtat étaient jusqualors fermées aux Israélites.

Le défunt et son frère furent les deux premiers Israélites admis dans les écoles militaires de France.