260
LA FRANCE JUIVE
Lorsque le 10 novembre 1806, racontait ce journal en 1865, le maréchal Ney occupa Magdebourg, il reçut la visite des autorités et des notables de la ville. Le Maréchal avait demandé expressément que les notables de toutes les confessions lui fussent présentés. Après qu’ils eurent passé devant lui, il demanda s’il n’y avait point de représentant de la communauté israélite. La ville de Magdebourg, réplique un des assistants, jouit du privilège de ne point avoir de Juifs parmi ses habitants; il n’y en a qu’un ici et il est toléré pour des raisons particulières. — Vous voulez parler des Israélites, repartit le Maréchal, la France ne connaît pas de Juifs: du reste, messieurs, là où domine la France, il n’y a plus de privilèges, et à partir de ce moment l’égalité des cultes est à Magdebourg l’unique principe admis.
« Il y a aujourd’hui à Magdebourg, disait en terminant le journal israélite allemand, 5.000 de nos coreligionnaires! et l’un d’eux est membre du conseil municipal. »
Les Archives, qui rapportent ce fait, ne se prononcent pas nettement sur le fait de l’origine juive de Ney.
« Nous ajouterons, nous disent-elles, que Ney, originaire de Sarrelouis, a longtemps passé pour être d’extraction juive; il n’aura pas fallu beaucoup d’anecdotes comme celle que nous venons de rapporter pour lui faire cette réputation. »
Nous l'avons prouvé, l’affirmation de Disrafdi sur Masséna paraît tout au moins hasardée ; elle n’est point, cependant, absolument improbable. En ce cas, le petit fils du maréchal, le duc de Ilivoli, qui a épousé récemment une Juive, M""’ Heine, veuve elle-même du général duc de la Mos- kowa, qui passait pour descendre des Juifs, aurait obéi à une sorte d’attraction de race que nous avons constatée assez souvent dans le cours de cet ouvrage. Pour le maréchal Soult, la supposition de Disraeli me paraît absolument romanesque, quoiqu’il figure dans un Plutarque juif en même temps que Jules Janin.
D’après le Petit Journal, le premier officier juif de l’armée française aurait été M. Marqfroy, mort il y a trois ans, à Biarritz, âgé de 95 ans :
II avait fait les dernières campagnes de l’Empire et avait atteint le grade de capitaine.
Le père du défunt était propriétaire du château de Marracq, à Bayonne, qu’il vendit à Napoléon 1 er , et où celui-ci attira et retint le roi d’Espagne et son fils, plus tard Ferdinand VII.
M. Marqfroy, dans une audience qu’il avait eue de Napoléon 1 er , avait obtenu de faire admettre ses fils dans une école militaire.
Les écoles de l’État étaient jusqu’alors fermées aux Israélites.
Le défunt et son frère furent les deux premiers Israélites admis dans les écoles militaires de France.