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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANGE JUIVE

Dans lhistoire, je cherche avant tout non le détail à scandale, mais le détail à symptôme, non le renseignement à sensation, mais le renseigne­ment à réflexion. Jestime que des faits minuscules sont aussi intéres­sants pour létude dune époque que des faits importants. Dans les grands faits effectivement, les batailles, les événements extraordinaires, cest Dieu qui se révèle ; dans les petits faits, cest lhomme qui se trahit. Je regarde, par exemple, comme un excellent document cette conversation que le baron Olivier de Watteville, alors inspecteur général des prisons, eut avec Galmon, alors sous-secrétaire dÉtat au ministère de lIntérieur, et quil ma autorisé à reproduire : M. de Watteville voulait maintenir larrestation dun M... B... de M. que le gouvernement décora plus tard.

Cest un de nos agents, dit Calmon; laissez-le libre.

Mais, monsieur le sous-secrétaire dEtat, il a fait fusiller quatorze gardes nationaux réfractaires à la Commune.

Cétait pour mieux cacher son jeu.

Cest bien consolant, monsieur le sous-secrétaire dÉtat, pour les familles des victimes I

Qui a prononcé ce mot affreux ? Est-ce un Sylla pour lequel la raison dÉtat justifie tout? Un soldat habitué à risquer sa vie et pour lequel la vie des autres na pas plus de prix que la sienne? Non, cest un bureaucrate, un centre-gauche, un libéral, un représentant des idées modernes, un membre de lAcadémie des sciences morales et politiques . Quelle politique et surtout quelle morale on enseigne dans ces endroits- !

Ce quil tomba dêtres humains dans ces jours terribles,la moisson san­glante que fit la mort, nul ne le saura probablement jamais.

Les écrivains communalistes, qui admettent le chiffre de trente mille morts sont plutôt en deçà quau delà de la réalité. Les hommes qui par leurs fonctions ont vu les choses de près avouent trente-cinq mille dans lintimité. M. de Watteville, directeur au ministère de lInstruction publi­que, le frère de celui dont je parlais tout à lheure,et qui pénétra un des premiers dans Paris , fixe à quarante mille le nombre des victimes tant du côté de la troupe que du côté des insurgés.

On ne sexplique le chiffre dérisoire de six mille cinq cents morts donné sérieusement par M. Maxime Du Camp que par les conditions spéciales dans lesquelles travaille lécrivain. Pour élever un monument qui, malgré ses imperfections, sera dun considérable intérêt pour lavenir, M. Maxime Du Camp a sadresser toujours aux sources officielles, et il a trouvé par­tout le concours le plus empressé, mais sous la réserve de ne point dire cer­taines choses, de se maintenir toujours dans une certaine convention.