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LA FRANCE JUIVE
cutée, l’autre doit être traitée comme une fille de brasserie éhontée qui salit dans la débauche un costume qui devrait être sacré désormais.
Les envahisseurs ne se contentèrent plus seulement d’être Alsaciens , ils furent Alsaciens-Lorrains ; ils eurent deux noms comme on a deux mains, pour prendre davantage.
Qu’ils vinssent de Cologne , de Francfort , de Hambourg , de Wilna, tous ces étrangers étaient patriotes fougueux. S'ils n’avaient pas été trahis par les officiers héroïques de Saint-Privat, de Gravelotte, de Bazeilles, on en aurait vu de belles! La France de saint Louis, de Henri IV , de Napoléon , de Gondé, de Bossuet , de Fénelon avait croupi dans l’ignorance, ils ne voulaient plus de cela ; ils n’entendaient plus être tyrannisés par leurs aïeux. Si vous leur demandiez ce que faisait en France leur arrière-grand-père ou leur grand-père dans ces époques maudites, s’il était marchand, ouvrier, soldat, dans quelle ville il habitait, ils restaient cois, se sentaient devinés, et murmuraient : « C’est un clérical. »
Leurs opinions, d’ailleurs, trahissaient vite la fausseté des sentiments qu’ils affichaient avec fracas. S’ils avaient aimé vraiment la France , ils eussent prononcé avec admiration le nom de Louis XIV qui avait réuni l’Alsace au royaume ; leur grand homme, au contraire, était Gambetta, qui, en prolongeant la guerre, était seul cause de la perte de deux provinces.
L’admirable solidarité des Juifs entre eux, leur esprit d’intrigue, per-
représenté dans ces familles. La célèbre M lle Duverger, qui se trouve parente de Jules Ferry par alliance, ne perd jamais l’occasion de le rappeler; elle a tenu à préciser sa filiation par une lettre adressée aux journaux, au mois d’octobre 1884 :
Montmorency.
Monsieur,
Ma mère était la tante de M. Charles Kestner , qui était mon cousin, par conséquent. Elle m’a souvent raconté l’histoire de Charlotte. Seulement elle y ajoutait l’anecdote que voici :
Charlotte, ma grand’tante, étant en voyage a'vec une vieille parente, fut obligée de s’arrêter dans une auberge où ces dames durent y passer la nuit, par suite du retard des chevaux de poste.
La parente savait d’une façon un peu incertaine ce qu’on disait dans sa famille, que Charlotte était l’héroïne du roman de Goethe . La chambre qui leur fut donnée avait deux lits, et le hasard fit que les rideaux de ces lits représentaient... le suicide de Werther !
— Si c’est elle, pensait la vieille dame, elle ne se couchera pas.
Mais Charlotte n’a rien témoigné, et elle s’est couchée.
A-t-elle dormi? Personne n’en a jamais rien su.
J’ai voulu vous renseigner sur un fait, assez curieux en somme, et persuadée que vous ne m’eu voudrez pas, je vous prie d’agréer, monsieur, mes plus empressées salutations.
Al'ÜISTI.VL Dl'VEHOEII.