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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

-a été inspiré de Berlin et quonobéit à un mot dordre de Bleiclirœder ', écrit au duc Decazes :

Il me semble que lambassadeur dAllemagne , engagé à se présenter dans la maison la plus officielle de France , devrait pouvoir compter que les personnes admises, en même temps que lui, à lhospitalité du chef de lÉtat, soient tenues de ne pas manifester par une attitude danimosité rancunière et de nonchalance calculée que pour ce qui le concerne la paix nest pas rétablie entre la France et lAllemagne .

Vous et moi aurions répondu immédiatement: « Monsieur le comte, je suis désolé quon ait invité une personne aussi mal élevée ; si elle a le malheur de se représenter à lÉlysée , je vous promets de la faire flanquer à la porte par les domestiques. »

Linfortuné Decazes songe à ses actions que Rothschild peut faire baisser le lendemain à la Bourse et il accouche du billet suivant qui, du reste, nest pas mal tourné :

Paris , le 12 décembre 1873.

Cest au moment commence mon audience que je reçois, monsieur le comte, votre lettre particulière datée dhier.

Je ne parviens ni à admettre ni à comprendre quune pareille incon­venance ait pu se produire. Cest, en vérité, M. le maréchal, qui plus que tout autre en serait surtout directement atteint. Je vais donc lentretenir de cet incident et prendre ses ordres.

En attendant, Votre Excellence voudra bien agréer, avec mes regrets de ce qui ne peut être quun malentendu, lexpression bien cordiale de ma plus haute considération.

Quant au faubourg Saint-Germain, il est encore persuadé que la baronne de Rothschild , dont le mari était le banquier de Bismarck et lassocié de Bleichrœder , a obéi à un mouvement de patriotisme, à un accès de chauvinisme français en insultant lambassadeur dAllemagne . Les larmes viennent aux yeux de tous quand on raconte cette histoire. « La bonne baronne, murmurent les femmes, comme elle nous aime! »

En revanche, les mêmes gens qui passent leur vie avec des Juifs prus-

i. Les antécédents du procès dArnim, chez Plon.

A loccasion du mariage de M» e Béatrix de Rothschild avec Maurice Ephrussi, M. Blei­ chrœder envoya, comme cadeau de noces aux jeunes époux, un tableau de Hans Makart , « une allégorie nuptiale très regardée, très commentée, » dit le Gaulois. Allons, tant mieux, notre argent sert à quelque chose !