LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANGE
347
siens, qui les invitent à toutes leurs fêtes, s’indignent bruyamment dans leur patriotisme quand ils voient la bannière des Socialistes allemands figurer, aux enterrements, à côté de la bannière des Socialistes français .
Malgré tout, la France , la vraie France honnête, patriote, travailleuse désirait tant la Monarchie , elle en avait tant besoin, que la restauration de la Royauté fut bien près de se faire.
En réalité, le seul obstacle, ce fut le comte de Chambord. Dieu me garde de manquer de respect à cette noble et pure mémoire! J’ai pleuré à la mort du pauvre petit prince Impérial, plus que la plupart de ceux que l’Empire avait comblés de bienfaits. Je me rappelle encore les heures de tristesse que j’ai passées dans mon jardinet au moment de la maladie du comte de Chambord, devant mes lis, qui, s'affaissant sur leurs tiges, à mesure que les jours s’écoulaient, semblaient comme l’image de cette existence, comme le symbole de cette Monarchie de dix siècles, dans laquelle la France s’était si complètement incarnée.
L’histoire a cependant des droits, elle dira ce que nous disons : « Le comte de Chambord n’a pas voulu régner. » Aux âges passés, le matin du sacre, l’archevêque de Reims allait frapper à la porte de la chambre occupée par le roi dans les appartements du Chapitre. — Le roi dort! répondait le grand maître des cérémonies. — Eveillez-le! disait l’archevêque. En 1873, la France a frappé à la porte de la chambre du roi, mais le roi ne s’est pas réveillé!...
Si quelques écrivains, comme le dit Caflyle, regardent l’histoire comme une réunion de petites fioles étiquetées d’avance et dans lesquelles on fait entrer les faits, d’autres, au contraire, et nous sommes de ce nombre, veulent surtout, dans l’histoire, étudier des hommes, voir des êtres.
Quelle étude plus passionnante que celle-là quand, sans s’arrêter aux figures de convention que la consigne de chaque parti entend imposer, bon gré mal gré, à l’opinion, on se met dans la peau des gens, on s’efforce de deviner ce qu’ils ont pensé, ce qu’on aurait pensé peut-être à leur place !
Un mot suffit à peindre le comte de Chambord, le mot de Goethe sur liamlet :
« C’est une âme chargéed’un grand dessein et incapablederaccomplir. »
Nulle âme de roi ne fut plus haute, plus généreuse, plus droite ; mais le tempérament n’y était pas. On voit, comme à travers du cristal, les