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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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l'héritage de 1830 et de rentrer, non seulement dans la tradition monar­chique, mais encore dans la bonne tenue, dans la décence qui conviennent à une famille rangée ; à partir de la visite du 5 août 1873, il ne sest plus considéré que comme un Dauphin.

Le 30 octobre 1873, après la publication de la fameuse lettre qui renversait tous les plans de restauration, Tailhand courut chez le comte de Paris et le trouva entouré des trois ducs : le duc de Broglie, le duc dAu- diffret-Pasquier et le duc Decazes .

Il nen veut pas, dit le duc dAudiffret-Pasquier ; monseigneur, à vous la manche.

Cest impossible, interrompit le duc de Broglie, lhonneur vous le défend. Nous navons plus quà proroger le maréchal et à voir vénir.

Seul de tous les hommes importants du gouvernement, le duc dAu- diffret-Pasquier, celui que Thiers comparait à un hanneton dans un tam­bour, intrigua pour diminuer davance lautorité du Roi. Il avait dit dans un banquet auquel assistaient plusieurs curés de Normandie : « Nous le ficellerons comme un saucisson et il lui sera impossible de bouger. »

Ce propos, rapporté au comte de Chambord, éveilla, sans doute, sa défiance contre lAssemblée, mais au fond il ne demandait quà être découragé.

Ce qui frappe dans le comte de Chambord, je le répète, ce qui est vrai­ment pathétique, cest lantagonisme du tempérament qui se dérobe toujours et de la conscience qui pousse sans cesse à laccomplissement du devoir.

Après la lettre du 27 octobre, qui ne parut que le 30, parce que l'Union la garda trois jours sans vouloir linsérer et ne se décida quau reçu dun télégramme impératif, on croit tout fini. Le 17 ou le 18 novembre, le comte de Chambord arrive à Versailles .

Quelle est émouvante cette journée du 19 novembre 1873, qui décida peut-être du sort de notre pays ! Les députés monarchistes, qui se tenaient dans la maison voisine de celle du comte de Vansay était descendu le roi, savaient que le comte de Chambord était à Versailles , sans se douter

quil était à deux pas deux. Ils suppliaient M. de Monti, M. de Blacas,

M. de la Bouillerie, de leur faire connaître lendroit se trouvait lauguste voyageur ; ils saccrochaient à eux pour les décider à parler.

Quelle était la situation ? Cent députés étaient prêts à se grouper sur la place dArmes pour faire cortège au roi ; dès quon les aurait vus entrer à lAssemblée en criant : Vive le Roi! cent cinquante autres se seraient Oints aux premiers et auraient poussé le même cri. La royauté reprenait