LA FKANCKJUIVE
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Lo maréchal Mac-Mahon n’était ni gai, ni franc; il couvait déjà solitairement je m sais quel songe de présidence à vie; il refusa de recevoir le Roi.
Dans ce pays, qui était jadis le pays des initiatives hardies, des coups de tête, des bravoures endiablées, nul ne bougea. Le seul qui eut vraiment le sentiment de sa mission, le héros que la France attendait, le prince Impérial était tropjeune, et sans doute il se disait en Angleterre : Si j’étais le comte de Chambord ! »
A la lin de 18?î', lé jeune prihee, comprenant la gravité de la situation, chargea le général Fleury de porter urte lettre missive au Maréchal. M. Henri d’Idevillé, qui tenait le récit de cette entrevue du général Fleury lui-même, a raconté dans les Petits c dtéx de l'histoire (tome 11) l’accueil qui fut fait à cette patriotique démarche, qui, si elle avait trouvé un appui dans le Maréchal, aurait pu ramener le Prince Impérial h Paris , car le parti impérialiste était alors très fortemeht organisé et comptait beaucoup de sympathies dans l'armée.
Celui qu’on a qualifié, je n’ai jamais compris pourquoi, de « Rayant des temps modernes » et qui fut un des hommes les moins loyaux, les plus fourbes de notre époque, se retrancha avec Vivacité sur ses opinions royalistes, sur l’attachement légendaire de sa famille pour la maison de Bour bon , enfin sur l’impossibilité de trahir une telle foi.
Le général Fleury ne put s’empêcher de faire observer au Maréchal combien lès faits étaient en désaccord avec ces belles déclarations, et il lui rappela l’attitude équivoque qu’il avait eue, alors qu’il ne dépendait que de lui que la restauration monarchique s'accomplît.
Le Maréchal, un peu honteux, se mit alors à gémir comme c’était sou habitude quand on le mettait en face de la vérité.
Le rapide passage du comte de Chambord dans la ville de Louis XlV et son départ précipité marquent une phase particulière dans l’histoire contemporaine.
A partir de cette date on ne trouve plus dans le parti royaliste, pour employer une expression de Saint-Simon, que « cacades, paroles de neige et pistolets de paille ». On retombe dans cette perpétuelle convention qui perd et émascule une époque qui ne demande quA être'trompée. On parle de soulèvements, de combats, de Vendée sur le papier; on laisse supposer vaguement que l’on conspire pour flatter l’abonné au moment du