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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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entre leurs mains; le lait, la viande, les fruits, leau-de-vie surtout, dont ils ne boivent pas et quils frelatent avec du vitriol, trompant les Roumains, empoisonnant du même coup la ville et la campagne.

Ce peuple, dit ailleurs le même écrivain, ne veut ni servir, ni sins­truire, ni cultiver, ni payer; il ne veut participer à aucune charge, ne fait aucun sacrifice, ne se soumet même pas aux lois de police, aux règlements dhygiène, et avec ses huit cent mille bras ne saisit ni la charrue, ni la pioche, ni le fusil mais largent 1 .

Voilà les clients que M. Waddington donna à la France , la protectrice séculaire des opprimés ; voilà ceux dont il prit la cause en main, à la stupé­faction de Bismarck qui riait aux éclats à chaque séance notre ministre remettait la question sur le tapis.

Il y eut, après le traité de Berlin , des épisodes vraiment touchants dans la douleur de ce peuple que lEurope condamnait à disparaître devant le Juif.

Il ne sagissait pas, nous le répétons, dun nombre déterminé de Juifs à admettre, mais de tous les Juifs auxquels il plairait de sétablir dans ce pays au détriment des propriétaires du sol. Daprès la doctrine de Wadding­ ton , tout Juif était citoyen roumain.

Un ancien révolutionnaire, un homme qui, pendant son exil en France , avait été lami de tous les républicains arrivés, Bratiano, dit à la Chambre des représentants cette parole émouvante: «Messieurs,dans ma vie politique jai passé par beaucoup de vicissitudes et par beaucoup de malheurs, mais nulle part et jamais je ne me suis senti aussi malheureux quà Berlin . »

Pendant ce temps la Juiverie exultait, et Grémieux, dans une séance de l'Alliance israèlite , sécriait sur un ton dithyrambique :

Ma foi est grande devant notre situation aujourdhui si belle ! Ah ! lais- sez-moi reporter tout cela à la conduite si noble, si loyale et si pure qua tenue à Berlin notre ministre des affaires étrangères, notre Waddington . (Plusieurs salves dapplaudissements accueillent cette parole de lorateur.)

Ce mot notre semble indiquer que Waddington est dorigine juive; à moins que Crémieux nait voulu dire par que le ministre des affaires étrangères était à eux parce quils lavaient payé.

1. Les Juifs roumains ont au moins le mérite davouer, avec une certaine franchise, leur horreur pour le métier des armes. Le 1 er juillet 1865, on déposait, sur le -bureau du Sénat de Buckarest,une pétition des Juifs de la commune de Leova, qui, pour sexempter du service militaire, disaient ceci : « Comme nous autres Juifs sommes en général des peureux qui ne savons pas seulement tirer un lièvre motif pour lequel nous avons perdu notre patrie et gémissons depuis deux mille ans dune situation inférieure à tous, nous ne pouvons pas être utiles au pays comme soldats. » ( Archives Israélites, année 1865.)