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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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M. Ernest Desjardins écrit encore à ce sujet dans sa brochure : Les Juifs en Moldavie :

Jaffirme que le motif religieux na aucune part dans les mesures prises par le Gouvernement, ni dans lhostilité que la population témoigne aux Juifs. La tiédeur des Grecs orthodoxes pour leur culte et lindifférence des prêtres salariés par lÉtat rendent impossible le moindre soupçon de persé­cution religieuse. Ce quon hait, cest un peuple étranger dans un pays dont il absorbe la substance, formant un État dans lÉtat, commeles protestants en France avant les édits de Richelieu.

Mais nous avons de ce fait un témoignage plus significatif encore, celui de M. Ad. Franck, qui jouit dans le monde israélite dune estime méritée.

Dans la réponse quil adresse à M. Xavier Roux, qui lui avait demandé quelles étaient, selon lui, les causes de lagitation antisémitique qui va grandissant dans toute lEurope, le professeur au collège de France déclare quen Roumanie comme en Russie,tes croyances religieuses sont absolument étrangères aux mesures prises contre les Juifs 1 .

Le savant auteur de la Kabbale serait bien aimable alors de nous dire au nom de quel principe nous intervenons dans les affaires intérieures dun peuple qui na que le malheur dêtre trop faible pour nous prier de nous mêler de ce qui nous concerne.

* La Roumanie cependant échappa à moitié au péril.

Un député républicain eut le courage de traiter ce sujet que tout le monde évitait avec le plus grand soin :

« Yoilà dix-huit mois, dit M. Louis Legrand dans la séance du 15 décembre 1879, que le traité de Berlin a proclamé indépendant lÉtat de Roumanie . LAutriche , la Russie , la Turquie , les trois puissances les plus intéressées à lobservation du traité de Berlin , ont immédiatement reconnu lindépendance de cette petite nationalité. LItalie vient, à une date récente, de suivre cet exemple. Je demande que la France en fasse autant et noue avec la Roumanie des relations diplomatiques régulières. »

Waddington évita, on le comprend, de dire la vérité et dexpliquer les mobiles qui lavaient fait agir ; il .craignait la publication de certains docu­ments qui ne lui auraient pas fait honneur ; il se contenta dergoter sur la naturalisation par tête et par catégories déterminées qui ne le regardaient aucunement, et dans lesquelles le gouvernement français navait aucune espèce de raison de simmiscer.

1. Annales de la philosophie chrétienne, octobre 1881.