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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Dans la peur dêtre démasqué, il finit cependant par céder. Les Juifs, en outre, sentaient que les Roumains étaient à bout de patience; ils nigno­raient pas quil se préparait de ce côté des scènes auprès desquelles les exé­cutions de Bulgarie et de Russie nauraient été, pour employer un mot de Retz souvent cité par Maxime du Camp , que « des verdures et des pasto­ rales ».

On prit le parti denvoyer de ce côté, comme membre français de la commission du Danube, un fonctionnaire dont lorigine sémitique ne me surprendrait pas, et qui, en tous cas, fut comme le représentant de la Jui- verie française dans cette région. On choisit un nommé Barrère, ancien condamné de la Commune devenu gambettiste. Sil faut le juger daprès la façon rapide dont il sest enfui sous la Commune dès que la bataille des rues a commencé, je crois quau moment dun grand massacre, ses coreli­gionnaires de-bas auraient eu tort de compter sur lui. Du reste, la Jui- verie reconnaissante la fait depuis passer en Egypte nous allons le retrouver bientôt *.

La Juiverie ne fut pas ingrate pour Waddington. En 1883, l'Alliance israélite eut le crédit de retirer lancien ministre de loubli méprisant dans lequel il était tombé, pour lenvoyer en Russie plaider, avec lautorité qui peut sattacher encore au titre dambassadeur de France , la cause des Israé­lites de Russie .

M. Jules Delafosse prononça à cette occasion un discours dun admi­rable patriotisme. Laissant toute question politique de côté, il se plaça seulement sur le terrain des intérêts français ; il rappela que M. Waddin­gton, inféodé à lAngleterre, avait contrecarré au congrès de Berlin tous les projets du seul allié sur lequel nous pouvions compter ; il demanda quà cette cérémonie les nations étrangères déployaient toutes leurs pompes, la France fût représentée par un de ses vrais enfants, par quelque glorieux soldat.

Tout fut inutile. L 'Alliance israélite avait parié, on couvrait la voix de

1. Les Juifs nont pas renoncé pour cela à venir à bout de la Roumanie , et ils emploient tous les moyens pour réussir. En 1885, le gouvernement français a frappé d'un droit de cin­quante pour cent tous les produits d'un pays coupable seulement de ne pas aimer les usu­riers dIsraël ; cest un véritable blocus commercial. Les Archives israélites ne se gênent pas pour déclarer aux Roumains que c'est un châtiment providentiel. « La justice divine, disent-elles dans leur numéro du 13 août 1885, qui nest pas aussi lente quon sen va le répé­tant, inflige en ce moment des épreuves à la Roumanie sur ce terrain commercial dont laccès a été illégalement, odieusement défendu aux Israélites . Et cest la France , qui a si courageusement pris la défense des Juifs opprimés, tourmentés et torturés par la population roumaine, cest la France qui joue le rôle de justicière. »