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LA FBANCE JUIVE
la suspension de l’amortissement de la dette. Pour servir son pays, lord Northbrook , en bon Anglais , avait quitté sa grande existence, ses chasses, sa belle résidence de Forham dans le Hamsphire. Barrère, le méchant communard devenu ministre de France en Egypte , ne daigna pas se trouver à son poste : « J’ai tiré sur le drapeau français en 1871 devant les Prussiens, est-ce qu’on croit qu’en 1884 je vais aller le défendre au Caire devant les Anglais ? » Ainsi raisonnait sans doute ce diplomate opportuniste.
Le commissaire français de la dette, M. Lechevallier avait également choisi ce moment pour s’adonner à la villégiature.
Partout, d’ailleurs, nous retrouvons des Waddington et des Barrère. Dans un journal anglais le Statist, un diplomate a tracé au mois d’août 1884 un tableau burlesque et navrant pour nous autres qui avons conservé un cœur français , de ce que fut notre politique extérieure livrée à tous les aventuriers de l’Europe . On se débarrassa peu à peu de tous les hommes de la carrière pour confier nos intérêts à des Juifs de tous les pays ; quand un diplomate avait par hasard conclu un traité avantageux, on le désavouait parce qu’il n’avait pas réservé de bénéfices spéciaux à la Juiverie.
En 1880, dit le journal anglais , la France prend en Afrique une attitude militante. Gambetta, préoccupé de ménager l’opinion publique en Italie expédie à Rome et à Tunis un diplomate de race, rompu aux affaires depuis vingt-cinq ans. Le baron de Billing apaise le ressentiment des Italiens et rapporte un traité excellent. Il est désavoué parce que les aigrefins de l’opportunisme y trouvaient peu de pépites à ramasser. L’invasion de la Tunisie a lieu, le traité du Bardo est imposé au Bey . A qui confie-t-on le soin de le libeller? A M. Bréard, général de brigade, absolument inconnu, et à M. Roustan, petit agent d’ordre purement commercial.
En Chine , un diplomate lin et habile, M. Bourée, fait un traité aussi avantageux que la convention de Kassar-Saïd rapportée de Tunisie par M. de Billing. Vite, la faction opportuniste s’empresse aussi de le désavouer; et la France se lance dans des négociations absolument bouffonnes conduites par des médecins de la marine, des commandants d’aviso, des douaniers prussiens. C’est un comble. Ne désespérons pas de voir prochainement Courcel ou Saint-Yallier commander des cuirassés.
Deux ans avant de mourir, Gambetta, éprouvant le besoin de remplir les poches des Israélites plus ou moins allemands ou cosmopolites de son entourage, voulait opérer la conversion de la Dette italienne. Au lieu d’envoyer en mission à Rome un inspecteur général des finances, il invente d’y expédier un pique-assiette de M"* Arnaud, de l’Ariège , un Juif espagnol du nom de Ruiz.
On sait l’accueil qui fut fait à ce triste personnage par la Consulta, le marquis Mafi'ei en tête. — A l’apogée de sa carrière, Gambetta désire obtenir une audience de Bismarck. Il lance en éclaireur un député algérien ancien commissionnaire en douane à Marseille , bientôt suivi par un autre député, rapin à ses heures, émetteur de loteries, et marchand d’angélique
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