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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Roustan, après être retourné à Tunis une dernière fois pour y assister à un banquet organisé par lAlliance Israélite universelle , a été envoyé comme ministre à Washington , il empoche, avec un traitement double, les injures que les Yankees ne se font pas faute de lui prodiguer chaque fois quils le rencontrent dans la rue.

Vous croyez quaprès le retentissement de ce procès, les scandales vont sarrêter, du moins pour quelque temps ? Vous ne connaissez pas les répu­blicains. Gambon continue Roustan. Son prédécesseur recevait des pots-de­vin, il semble avoir de la préférence pour leau ; il réalise un bénéfice énorme avec la compagnie des Eaux de Tunis et fait arrêter les conseillers arabes qui veulent sopposer à ces concussions.

Lhistoire des biens de Mustapha est un chapitre des annales financiè­res dune gaieté inénarrable. Une fois débarqué ici, ce pauvre Mustapha, si folâtre au Bardo, tomba dans le bourbier parisien comme un vieux che­val dans un marais plein de sangsues. A bout de ressources, il fut heureux de trouver la Banque Transatlantique qui lui offrit un million, et il bénit Allah de lui avoir fait rencontrer des gens si obligeants. Après lavoir laissé tranquille quelques mois, on finit cependant par lui demander de rem­bourser.

Trouvez-nous, au moins, lui dit-on, quelquun qui garantisse votre dette.

Le malheureux se désolait, lorsque Volterra et Alfred Naquet vinrent lui parler dune société philanthropique qui se proposait de mettre de suite en actions, non pas les terrains quelle possédait en Tunisie , mais ceux quelle pourrait posséder un jour. Mustapha confia ses peines à ces deux bons Juifs qui lui dirent : « Nous sommes ceux que vous cherchez et vous êtes lhomme que nous cherchons. Cédez-nous vos terrains, et nous répon­drons de votre million. »

Décidément, pensa Mustapha, Paris est une ville bien extraordinaire ! Tout sy trouve. Il accepta avec joie loffre qui lui fut faite de garantir sa créance, ce qui était dautant plus facile à ses nouveaux amis, que ceux qui le menaçaient de le poursuivre et ceux qui lui proposaient de le sauver étaient les mêmes, appartenaient à un seul et même groupe financier.

Mustapha, néanmoins, nétait pas au bout de ses épreuves. Il devait en voir de toutes les couleurs avec ses Juifs et passer avec eux par toutes les vicissitudes. Tant quon eut besoin de lui, il traversait les antichambres au milieu d'huissiers inclinés ; il sasseyait à la place dhonneur à la table du conseil, et on lappelait gros comme le bras: Son Excellence le général Mus­tapha ben Ismaïl. Un peu plus tard, on linterpellait dun laconique : « Quen