Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
386
Einzelbild herunterladen

386

LA FRANCE JUIVE

voir, et il ne peut plus dépouiller ce personnage. Il est patriote à la ville, à la campagne, le matin, le soir, aux Variétés et aux Bouffes, à la Petite Mariée et à la Mascotte. Au Salon, à côté de vieux soldats qui ont vingt campagnes, dix blessures, il se fait peindre par Neuville, la capote enroulée autour du corps, portant dans des étuis de cuir toutes sortes dinstruments, des cartouches, des lorgnettes, un revolver.

Croyait-il vraiment que Gambetta, à la bataille du Mans , avait chargé seul en criant aux fuyards: « Retournez-vous au moins pour voir comment meurt votre général 1 » Était-il convaincu que, pareil à Jean le Bon , à Poitiers , le chef du gouvernement de la Défense nationale avait combattu deux heures sur un monceau de morts, seul, superbe, fou de douleur et de courage,

Ne gardant quun tronçon de trois grandes épées.

Je nen sais rien; le fait est quil parlait de ce Vitellius déclamatoire, comme on ne parlerait ni du Brutus de Philippes, ni du François I " de Pavie.

Non, non, ils nont rien vu, rien regardé queux-mêmes.

Ce sont leurs intérêts qui sont leurs seuls problèmes.

LEtat français nest rien pour ces esprits mesquins.

Ils ont même érigé sa faiblesse en systèmes,

Ces nouveaux féodaux des temps républicains 1

Mais val ta route est bonne, et la leur est mauvaise.

La leur, sans but commun, conduit au désarroi ;

Il faut en la suivant quon piétine ou quon biaise ;

Et, pour quiconque tend à la grandeur française,

LObstacle, ce sont eux! Le Ralliement, cest toil

Sans doute, si lon pouvait enfermer deux ou trois heures ce vaniteux dangereux, sil pouvait se recueillir dans cet isolement qui pèse à ces natures comme le silence du tombeau, il serait effrayé lui-même du danger quil a fait courir à son pays; il écouterait celui qui lui dirait : « Voyons, vous êtes un Français , un chrétien, et pour procurer une affaire aux

bach, en Alsace , il composait tranquillement des livres qui auraient pu nous instruire, tandis que Déroulède se promène triomphalement sur le boulevard, enchanté davoir fait encore une fois du bruit sur le dos des autres.

Partout le sauteur apparaît. Au mois doctobre, Déroulède écrit : « Quelles que soient mes opinions personnelles, jai refusé de laisser inscrire mon nom sur aucune liste, parce que la cause que je sers et que je ne veux pas abandonner me défend dêtre le candidat daucun parti. » Six semaines après, il demande à être porté sur la liste opportuniste, et, pour donner un gage à ses méprisables amis, il enchérit sur Goblet, qui enlève leur pain à de pauvres curés de 80 ans : il demande quon leur enlève aussi le droit de vote, quon en fasse de véritables parias.