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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

blonde de ce rire à la Barbemuche, particulier aux Allemands , et qui se voile parfois dune sorte de philosophie attristée.

Supposez que Déroulède , au lieu dètre un poseur et un fanfaron de patriotisme, eût eu vraiment au cœur les sentiments dun patriote, lamour profond et sincère de son pays, quelle belle occasion soffrait à lui dinter­venir, de rappeler à la pudeur ces banqueteurs éhontés! Imaginez un orateur à la parole ardente et chaude allant trouver des ouvriers, des bour­geois, danciens soldats, et leur disant : « Soufirirez-vous quon commémore par des ripailles un semblable anniversaire ; quon choisisse, pour senivrer, le jour la France a été si douloureusement frappée? »

Ces hommes auraient compris ; on se serait rué sur les noceurs, on aurait renversé les nappes, Floquet aurait achevé sa digestion dans légout, et, secoué par la tourmente, ladjoint Winckam, lexpulseur des sœurs de Charité, un nom bien français encore celui-, par parenthèse, aurait cassé tous ses bandages.

Déroulède ne trouva pas révoltant le spectacle de cette fête de Sedan , et lon nentendit pas, dans cette circonstance,

Le beau luth éploré qui vibre sous ses doigts.

Quoi quil en soit, la France lavait échappé belle. La Juiverie, dailleurs, avait opéré avec moins densemble que de coutume; ce fut peut-être ce qui sauva nos paysans. Tandis que le Mayer de la Société de gymnastique alle­mande insultait ou ninsultait pas, on na jamais su au juste la vérité; que le Mayer de la Ligue des Patriotes sindignait; quun troisième Meyer, le Meyer du Gaulois, parlait vaguement de lhonneur du drapeau français et déclarait quil ny laisserait pas toucher, un quatrième Mayer, celui de la Lanterne, entrait en scène.

Était-il venu trop tard? Gambetta avait-il distribué toutes les com­mandes de semelles en papier et de couvertures en pelures doignon des­tinées à nos malheureux soldats pour la prochaine guerre? Je lignore; toujours est-il quil fit ressortir létonnant ridicule dont sétait couvert Déroulède .

Ce dernier Mayer, précisément, neut pas de chance, pour une fois quil avait été honnête. Le poète lalla souffleter, et, comme de tous les abbés du monde, labbé que les Juifs aiment le moins est encore labbé de lÉpée, on dut porter le soufflet devant les tribunaux qui condamnèrent Déroulède à vingt-cinq francs damende, ce qui parut bien léger à ceux qui avaient entendu le soufflet, et parut, au contraire, exorbitant à ceux qui connais­saient le personnage qui lavait reçu.