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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'IIISTQIRE DE FRANCE

peuple le plus indigent de lAsie et qui vivent exclusivement du riz quils récoltent, ne nous achèteront pas pour un million de marchandises.

« Je défie, disait devant la commission le vice-amiral Duperré, ancien gouverneur de Gochinchine, quon me cite un Français pouvant gagner au Tonkin, dans lindustrie, de quoi payer son passage pour revenir en France. »

M. Alcide Bleton, qui avait été chargé par le ministre de la Marine et des Colonies dune mission commerciale au Tonkin et dont le rapport a été publié, na absolument rien vu quon pût exporter ou importer dans ce pays. Tout ce quon pourrait faire, selon lui, pour gagner un peu dargent, serait de construire des cambuses pour les employés européens et détablir des blanchisseries. Au moment lAllemagne est menaçante à nos portes, faire tuer nos meilleurs soldats pour arriver à blanchir le linge sale des Annamites et des Tonkinois est une conception bien baroque.

Il nen est pas moins vrai que nous sommes allés au Tonkin pour faire une affaire.

Sans doute, on aurait pu sy méprendre. On entendait Tondu, même après Lang-Son, sécrier dans les corridors : « Jamais je nabaisserai le drapeau de la France! Lhonneur national avant tout! Fallût-il sacrifier cinquante millehommes, que je ne quitterai pas le Tonkin! » On disait: « Cest excessif, mais cest égal, cest un lapin que ce Tondu... »

Dietz-Monin et Bozerian tenaient le même langage au Sénat, et les pères conscrits, frappés dadmiration, répétaient: « Ce sont deux crânes que ces deux gaillards ; ils nont pas froid aux yeux. »

Tout à coup M. Àndrieux apporta à la commission du Tonkin un do­cument qui montra Tondu et ses amis sous un nouveau jour. Voici quel était le texte de ce papier:

PROJET DE CRÉATION DUNE GRANDE COMPAGNIE FERMIÈRE DE LÉTAT DANS LINDO-CHINE

article premier. Le président du conseil, ministre des Affaires étran- « gères, au nom de l'Etat, concède à la Société française générale de lIndo- « Chine, représentée par MM. XXX, qui acceptent:

« 1° La concession pendant quatre-vingt-dix-neuf ans de toutes les « terres, forêts et mines vacantes de la Gochinchine, de lAnnam, du « Tonkin et du Cambodge, ayant un caractère domanial.

2° Le droit exclusif;

« Détablir au Tonkin, dans lAnnam et le Cambodge, une Banque « démission, de prêt, et descompte jouissant des droits et privilèges con- « férés à la Banque de lIndo-Chine par le décret du 21 janvier 1875;

« De construire et dexploiter les voies ferrées dont le gouvernement « français ordonnera létablissement ;

« Et de créer et dexploiter les lignes de transport maritimes et de