Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
406
Einzelbild herunterladen

406

LA FRANCE JUIVE

Tous les financiers accourent chez ce Gaillard, qui trouvait linstant opportun pour donner un hal masqué dans lhôtel quil avait eu la pensée bizarre de faire construire sur le plan même du château de Chambord.

Les Juifs ouvrent leurs salons à deux battants. Grand bal chez la baronne de Hirsch, qui, pour célébrer sans doute la victoire des Célestes, a placé une guirlande de lauriers dans ses cheveux. La toilette est de satin vert mauve ouverte sur une jupe de faille maïs toute pampillée dor.

« La duchesse de Bisaccia est en toilette de brocart ramagé dor et dargent.- Duchesse de Maillé en lampas Renaissance.

« M me Henri Schneider : ravissante toilette Empire en crêpe blanc à longue ceinture de rubans coquelicot.

« M m6 Salomon Goldschmidt : robe de lampas lilas, le devant tout brodé de perles fines, avec grands revers et corsage de velours violine. »

Tous les Rothschild sont sur le pont. Le bal de la baronne Adolphe est plus select , mais celui de la baronne Salomon est plus brillant. Toute laristocratie défile dans lhôtel de la rue Berryer, et lénumération des grands seigneurs et des grandes dames, qui samusent pendant quon meurt-bas, tient deux colonnes dans les journaux bien informés.

Lang-Son, en effet, avait été une aubaine inattendue pour les Juifs, et la Bourse avait retrouvé léclat des anciens jours.

Un écrivain, dont le talent inégal a parfois des lueurs superbes, M. Octave Mirbeau, a tracé un saisissant tableau de ce monde qui ne songe devant une pareille catastrophe quau plaisir et à largent :

Cétait la Bourse quil fallait voir, la Bourse au spectacle de laquelle le cœur se soulevait de dégoût. Chaque fois que la France est en péril, chaque fois que le sang ruisselle de ses flancs, les larmes de ses yeux, il y a des milliers dhommes de proie qui sabattent sur elle, qui se précipitent pour recueillir ce sang et ces larmes, et, hideux alchimistes, les trans­former en or. Du fond de quels antres, de quelles banques, de quels bagnes, de quels ghettos déchaînés ces misérables étaient-ils accourus?

La bouche tordue, les bras agités, les yeux allumés de rapines, ils couraient, sécrasaient, se marchaient les uns sur les autres, et une immense clameur montait, plus barbare que les cris de victoire des Chi­nois. Les marches du grand bâtiment étaient toutes noires, de cette foule grouillantejet grimaçante, qui semblait porter, sur ses épaules, le monstre énorme et sans yeux, d lon entendait sortir, comme des bruits décrou­lement l'écroulement de la fortune de la France. Et lon se demandait si la France nétait point, couchée dans ce tombeau, belle, pâle et morte, et si toutes ces mains avides, pareilles à des tentacules de pieuvres, ne sapprochaient pas delle, ne se posaient pas sur elle, et, lentement, lenla­çant de leur mille ventouses, ne pompaient pas le sang tout chaud de ses veines ouvertes.