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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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CRÉMIEÜX ET LALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE 467

Grâce à ces procédés, le Juif jouit en Algérie dun mépris que lon comprend. Il peut entrer à toute heure sous la tente et dans la maison dun Arabe, les femmes ne se couvriront même pas de leurs voiles ; pour elles le Juif nest pas un homme.

Un Arabe se croirait déshonoré sil tuait un Juif.

Dans laffaire de la caravane de Guefsa, en 1871, un des accusés, Ben Ganah, ordinairement impassible, eut comme une explosion de fureur quand on laccusa du meurtre dun Juif: « Moi, disait-il, tuer des Juifs ! Jai tué des Hammama, je vengeais mon père; mais on ne tue pas un Juif, on ne tue pas une femme. Si javais tué un Juif, serais-je venu de moi- même moffrir à votre justice ? Je noserais pas me montrer dans ma tribu. »

Jamais, dit à ce sujet M. du Bouzet, jamais un cavalier des Nemen- cha nadmettra que le fils du grand caïd Ganah ait pu tuer un Juif, le reconnaissant pour tel. Le dernier des bergers de la tribu aurait honte dun pareil meurtre. Un brigand assassinera un Israélite isolé pour sup­primer lunique témoin de son crime. Mais, dans lattaque dune caravane, les Juifs nont quà se faire reconnaître pour que leur vie soit épargnée.

Nous ne saurions mieux faire, dailleurs, pour montrer quels étaient les intéressants protégés de Grémieux, que de reproduire le portrait plein de couleur et de mouvement, que M. de Maupassant , dans Au soleil, a tracé du Juif arabe:

A Bou-Saada , on les voit accroupis en des tanières immondes, bouffis de graisse, sordides etguettant lArabe comme laraignée guette la mouche. Ils lappellent, essayent de lui prêter cent sous contre un billet quil signe­ra. Lhomme sent le danger, hésite, ne veut pas ; mais le désir de boire et dautres désirs encore le tiraillent : cent sous représentent pour lui tant de jouissances ! Il cède enfin, prend la pièce dargent et signe le papier grais­seux. Au bout de six mois, il devra dix francs, vingt francs au bout dun an, cent francs au bout de trois ans. Alors le Juif fait vendre sa terre, sil en a une, ou, sinon, son chameau, son cheval, son bourricot, tout ce quil possède enfin. '

Les chefs, caïds, aghas, ou bachagas, tombent également dans les griffes de ces rapaces qui sont le fléau, la plaie saignante de notre colonie, legrand obstacle à la civilisation et au bien-être de lArabe.

Quand une colonne française va razzier quelque tribu rebelle, une nuée de Juifs la suit, achetant à vil prix le butin, revendu aux Arabes dès que

1. Les Israélites indigènes de lAlgérie , pétition contre le décret du 24 octobre 1870, par M. Charles du Bouzet, ancien préfet dOran , ancien commissaire extraordinaire en Algérie .