Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
470
Einzelbild herunterladen
  

470

LA FRANCE JUIVE

Villot a raconté les scènes qui se passèrent à Constantine à la nouvelle du désastre de Sedan . Toute cette population cosmopolite, « réellement ivre de joie, » trépignait de bonheur et se livrait dans les rues à des danses ignobles. Il y eut cependant un détail touchant. On avait jeté sur le pavé le buste de lEmpereur ; quelques indigènes en ramassèrent les débris et les emportèrent. N'est-ce pas émouvant, ce souverain qui a possédé le plus bel empire de la terre, et qui na plus pour fidèles que quelques Arabes, qui se souviennent que ce vaincu est venu jadis leur rendre visite dans tout léclat de sa puissance, quil sest intéressé à eux, quil a empêché leur dépossession?

Les Juifs ne manifestèrent leur dévouement à la France quen se ruant, avec des Espagnols et des Maltais , sur le malheureux général Walsin- Esterhazy qui, souflrant encore dune blessure et incapable de se défendre, fut accablé de mauvais traitements, roué de coups et obligé de se rembar­quer *.

LAlgérie fut alors le théâtre dépisodes inouïs, auxquels se mêle cet élément dimpudence et d e puffisme, ce côté saltimbanque, dit très bien Gordon, qui est entré dans les affaires publiques à la suite des Juifs. Laf­faire des officiers laissés libres, à la condition de ne plus porter les armes contre la Prusse, semble un chapitre de Tartarinde Tarascon , une histoire de la Cannebière.

Vous savez de quelle écume se composent les villes dAlgérie . Depuis louverture de la campagne, tous les foudres de guerre, qui déblatéraient contre nos généraux, avaient passé leur temps à faire labsinthe dans les cafés pendant que les autres marchaient sous le soleil ardent, souffraient la soif, la faim, se battaient un contre dix. Quand nos malheureux officiers, accablés de fatigues et la plupart blessés, arrivèrent de Sedan et de Metz ,

1. Voici le certificat significatif délivré par M. Warnier au capitaine Guichard, qui avait courageusement défendu son général :

a Je sousigné, préfet dAlger , à la date du 28 octobre et appelé par le général Walsin- Esterliazy a laccompagner du palais du gouvernement à lamirauté, le triomphe de la Commune révolutionnaire lobligeait à sembarquer, certifie, comme témoin oculaire parta­geant les dangers du général Walsin -Esterhazv, que sans lassistance du capitaine Guichard et des hommes de la 2 e batterie de lartillerie de la milice dAlger , qu'il commandait, nous aurions été exposés à toutes les colères de plusieurs milliers de Juifs, de Maltais , dEspagnols , égarés par quelques énergumènes français , et que, si les avanies que nous avons subies se sont bornées à des injures et à des insultes, nous le devons à lénergie et au dévouement de lescorte de la 2 e batterie de lartillerie de la milice dAlger .

« En foi de quoi, jai délivré au capitaine Guichard, le présent certificat pour servir à ce que de droit.

« Warnier,

« député du département dAlger . »