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LA FRANCE JUIVE
vatrice de l’Assemblée borna son action au document. Elle léguera les plus- intéressant.- matériaux à l’avenir, qui ne parviendra pas à comprendre comment, éclairée à ce point sur les hommes du 4 Septembre, elle ait hésité à. les poursuivre, comment, convaincue des malheurs que la République avait attirés sur le pays, elle n’a pas eu le courage de la faire disparaître de suite. Meliora video, détériora sequor, telle fut sa devise.
En écoutant les dépositions des témoins de cette enquête, en lisant tout ce qu’ont écrit sur cette question ceux qui étaient bien placés pour la juger, il n’est pas possible de douter que Grémieux n’ait été l’auteur principal, le seul responsable de l’insurrection algérienne.
Pour moi, dit l’amiral de Gueydon, le décret d’assimilation a été la cause déterminante de l’insurrection ; les Musulmans en ont été extrêmement froissés.
Haines de classes et de races, intérêts froissés, dit le capitaine Villot, jalousies et ressentiments, telles furent les conséquences de ce décret malheureux. Les indigènes musulmans furent écœurés de voir élever à la dignité de citoyens français leurs ennemis séculaires, des gens qu’ils considèrent comme lâches, serviles et méprisables. « Pourquoi donc cette préférence, dirent-ils? Est-ce que les Juifs ont comme nous prodigué leur sang en Grimée, en Italie , au Mexique ; est-ce qu’ils ont dix mille de leurs prisonniers en Allemagne ? »
M. de Presbois, chef d’escadron en retraite, ancien représentant des l’Algérie , en 1848, était plus sévère encore.
Au moment où un comité dit républicain ou de défense obtenait la naturalisation en masse des Juifs, c’est-à-dire delà partie la moins intéressante^ de la population algérienne, et à coup sûr la plus dérisoire au point de vue de la défense, l'insurrection des populations arabes et kabyles y répondait.
Quand ils apprirent le décret deM. Grémieux qui naturalisait les Juifs, leur exaspération se transforma en profond mépris pour les Français qui s’étaient abaissés jusqu’à envoyer des délégués aux Juifs de Bordeaux pour solliciter leur assimilation à une race méprisée. Alors les premiers sym- tômes de soulèvement se manifestèrent. Pour qui connaît ces races indigènes, fières et belliqueuses, il est de toute évidence que leur orgueil fut révolté de se voir menacées d’être subordonnées aux Juifs. Les Français à. leurs yeux descendaient au niveau des Juifs.
Ainsi, les Juifs naturalisés en vue de manœuvres électorales, après- nous avoir suscité bien des embarras depuis le jour de la conquête, devaient mettre la colonie en péril.
Le général Ducrot écrivait en 1871 (La vérité sur l’Algérie) : « Le décret de M. Crémieux sur la naturalisation des Juifs mit le feu partout. »