Ce qu’on entend par une société, c'est-à-dire un ensemble de lois, d’us.ges, de traditions, n’existe plus. Ce qui parait tenir debout n’est qu’un décor qui ne résiste pas à l’examen. On vit dans un perpétuel mensonge, et il est dil'ticile, pour l'observateur, de raisonner d’après des apparences de situations et des étalages de sentiments .qui, la plupart du temps, sont absolument faux.
Au premier abord, néanmoins, rien ne semble changé: les noms en évidence sont des noms de la vieille France, et ce n’est pas un des phénomènes les moins étranges de notre époque que de constater quelle vitalité il y a dans cette noblesse, à laquelle il n’a jamais manqué que de croire à elle-même, pour jouer le même rôle qu’en Angleterre.
Cent ans bientôt seront écoulés depuis qu’on a proclamé tousles hommes égaux, qu’on a brûlé solennellement au Cliamp-de-Mars l’arbre symbolique auquel étaient attachés tous les hochets de la féodalité, les tortils et les couronnes, les écussons et les manteaux de pairs, les parchemins et les généalogies. L’aristocratie actuelle n’a aucune place dans l’organisation contemporaine; elle n’a rien tenté pour en mériter une; elle contient, en outre, un élément fort considérable de noblesse de cartes de visite, sans compter le nombre incroyable de lils d’acheteurs de biens nationaux qui se sont ennoblis en prenant le nom de la terre que leur grand-père avait volée après avoir fait guillotiner le propriétaire légitime. ’
En réalité cependant, en dépit de tant de scandales colportés par tous les journaux, l’aristocratie n’a pas complètement perdu tout son prestige dans ce siècle qui se croit profondément démocratique. Un duc authentique, par ce seul fait qu’il est duc, est quelque chose; il trouve à monnayer son titre, à se marier richement. Cette improvisation fabuleuse d’un petit lieutenant d’artillerie, créant des duchés, des comtés, des baronnies, a été prise au sérieux, s’est grell'ée facilement sur la noblesse ancienne qui s'était constituée comme elle par l’héroïsme militaire, il y a plus: cette descente de la Courtille héraldique *, cette noblesse qu'on a appelée la
1. Dates de noblesse de Itotlischild : noblesse autrichienne, 23 mars 1817,- — baron, 2li sept. 1822; -- baronnet anglais, 1846.
Voici, d'autre part, l’explication technique du blason de Itotlischild reproduit plus haut:
Ecu : au 1 d’or à l'aigle de sable ; au 2 d azur au bras de carnation mouvementé du liane senestre tenant 5 flèches d’argent les pointes en bas; au 3 comme au 2 (le bras mouvementé du flanc dextre), au 4 d’or au lion de gueules.
Sur le tout, de gueules au bouclier ovale d'argent en barre ayant une pointe au centre.
Casque couronné.
Cimier: 1° une étoile d’or haussée entre deux proboscides coupées alternées d’or et de sable; 2“ l'aigle; 3» trois plumes d’autruche, une d'argent et deux d'azur.
Supports : à dextre un lion d'or, à senestre une licorne d'argent, la queue fourchue.
Devise: Concordia, iuteyiitas, indushiu, en lettres d'argent sur un listel d’azur.