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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

trer dans son champ! Il faut lire ce chapitre dans Taine pour comprendre les colères qui se formaient autour du château, grâce â cette règlementa­tion trop sévère.

Par amour pour la chasse, la noblesse sétait aliéné les paysans; la même passion la amenée â fréquenter les Juifs, à aller chez eux, à manger à leur table.

Aujourdhui nous assistons à la revanche du cerf. Pauvre cerf! Com­bien de fois, bramant, le cœur battant, a-t-il pleuré de ses yeux doux, cherché un refuge dans l'eau claire qui le tente, qui lui communique une sensation de bien-être, et qui bientôt glace ses jambes en sueur, le para­lyse et le livre à la meute ardente qui sest lancée après lui ! Combien, en assistant à cette douloureuse agonie, que contemplaient, avec des frémis­sements de volupté aux narines, des femmes accessibles à toutes les tendresses dans la vie ordinaire, ont éprouvé lémotion du sentimental Jacques de Comme il nous- plnirn :

Aussi bien, dit le premier Seigneur au vieux Duc, cela navre le mélan­colique Jacques. 11 jure que vous êtes, sous ce rapport, un plus grand usurpateur que votre frère qui vous a banni. Aujourdhui, messire dAmiens et moi-même, nous nous sommes fauiilés derrière lui, comme il était étendu sous un chêne dont les antiques rameaux se projettent sur le ruis­seau qui clapote le long de ce bois., un pauvre cerf égaré, quavait blessé le trait des chasseurs, est venu râler; et vraiment, monseigneur, le pauvre animal poussait de tels sanglots, que, sous leur eflort, sa cotte de cuir se tendait presque à éclater. De grosses larmes roulaient, lune après l'autre, sur son innocent museau. Et ainsi la hôte velue, observée tendre­ment par le mélancolique Jacques, se tenait sur le bord extrême du rapide ruisseau quelle grossissait de ses larmes. Et lui jurait que nous sommes de purs usurpateurs, des tyrans, et ce quil y a de pire, deffrayer ainsi les animaux, et de les massacrer dans le domaine que leur assigne la nature.

Nest-il pas vengé le cerf infortuné, traqué ainsi de siècle en siècle, par le spectacle de tous ces porteurs de beaux noms se traînant, sous liro­nique sourire des valets, à la suite de quelque immonde Juif d'Allemagne et de Itussie qui a bien voulu inviter la noblesse h se divertir avec lui?

Que de souvenirs viennent à ces malheureux! (les torèts ont che­vauché les ancêtres, les conquérants hardis de la vieille (laule, noire de bois, sont hantées encore par les légendes du passé. Les Fées ont habité au bord de ces étangs, et cest ici, peut-être, quau-dessus de la ramure dun cerf, la figure de Jésus-Uhrist, toute resplendissante de clarté, apparut à saint Hubert. Les soirs dhiver, au milieu dombres fantastiques, une chasse étrange, la chasserot/ale faisait retentirles halliersde clameursqui navaient,