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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

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diionnètes Israélites voués au culte du Veau dor, elle crut pouvoir, comme sor mari, traiter les rois d'égal à égal. Elle lit mettre ses chevaux à la voiture et ordonna quon la conduisît aux Tuileries . Mais, cruel désap. pointement! on refusa de la recevoir 1 .

Piquée au vif, elle revient chez elle; des pleurs coulent de ses yeux. Jérusalem ! sécrie-t-elle, Jérusalem ! quelle otfense pour ton peuple! Des courriers extraordinaires sont expédiés sur-le-champ à toutes les cours dAllemagne pour les instruire de ce grand événement. Les rois s'agitent, les conseils sassemblent, les diplomates discutent. Metternich prend la plume, lambassadeur dAutriche court aux Tuileries , la porte à deux battants souvre, et notre baronne a franchi la salle des Maréchaux. Alors tout est joie dans Israël ; les montagnes bondissent comme des béliers, les collines comme des petits agneaux. Les harpes qui dormaient suspen­dues aux saules du rivage frémissent de nouveau sous les doigts des filles de Sion , et le peuple élu célèbre encore une fois le merveilleux passage de la mer Rouge .

A propos de la mer Iiouge, savez-vous que cette couleur est celle que notre Crésus circoncis affectionne de préférence, et que cest avec un uni­forme rouge, surchargé de deux épaulettes de colonel, qu'il a coutume dassister à toutes nos réjouissances nationales? Sa fidèle Itébecca, lélue de son cœur, lange de ses affections, laccompagnait au dernier bal de la Ville. Cette perle dIsraël , qui peut avoir vingt-huit ans, était enchâssée dans une embrasure de croisée, entre deux diamants chrétiens dune si belle eau quils absorbaient tout son éclat.

Ces sentiments de répulsion subsistèrent très longtemps. En 18K1, en lhonneur de larrivée à Baden dun souverain étranger, on voulut organiser un bal. On nomma, pour régler les détails de la fête, trois commissaires, parmi lesquels M. Maurice de Haber. Les deux autres refusèrent d'avoir pour collègue un Juif, quoique ce collègue lut M. do Haber, le richissisme banquier de Cologne , allié à la famille dun maréchal de France, h la famille de Cirouchy. M. de Haber envoya des témoins. Les commissaires refusèrent de se battre avec lui et ne consentirent à croiser le fer qu'avec un de ses amis.

« Le piquant de lallaire, disent les Archives Israélites 2 , auxquelles nous empruntons cette histoire, cest que M. de Haber, bien que gendre de

1. Lan dernier, le duc dAumale ayant à dîner la duchesse dAyen et la baronne de Hirsch, mit ta Juive à sa droite, et la duchesse à sa gauche. Lors des fêtes données à Chan­tilly, il plaçait, il est vrai, la grande duchesse Wladimir à sa droite et la baronne (iustave de Rothschild à sa gauche, mais en quittant la table, il offrait le bras à la baronne!

Remarquez que la duchesse dAyen qui est, dit-on, une femme très charitable et très bonne, n'a aucune raison de fréquenter la femme d'un banquier qui a ruiné tant de mal­heureux ; elle n'a pas besoin d'emprunter de l'argent aux Juifs, car elle possède une fortune considérable; elle a hérité du marquis de la Ferté-Mun, qui était fort riche, et elle est la belle- tille flu duc de Noailles, auquel appartient la magnifique terre de Maintenon . On ne peut s'expliquer cette manie de s'abaisser sans nécessité, d. Archives. Israélites, volume 36.