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LA. FRANCE JUIVE
essayèrent de donner une petite fête. C’est une grande fête qu’il eût fallu donner. On s’étoulfait dans les salons à ce bal des victimes, et, au premier rang, parmi les plus obséquieux, figuraient les malheureux déshonorés par les Rothschild , les pères, les frères, les soeurs de ces infortunés, les d’Haussonville, par exemple, doublement atteints dans les d’Harcourt el dans les de Broglie.
Quelle vision, pour l’observateur, que celle de toutes ces familles qui furent glorieuses, défilant en éclatante toilette sous les huées, à peine dissimulées, de quelques Juifs cosmopolites qui raillaient leur chagrin, comptaient combien de pauvres diables s’étaient suicidés à la suite du Krach, demandaient tout haut si l’affaire irait en police correctionnelle ou en cour d'assises, si le régime des maisons centrales était dur en France !
On a accusé certains romanciers contemporains d’être irrespectueux envers le Passé, et de rire de choses qui furent augustes : quel tableau, à la fois sinistre et comique, tragique et burlesque, pourrait-on tracer qui ne fût inférieur à cette i-éalité?
Notez que cette dégradation est absolument spéciale à la noblesse française . Quelques heures de chemin de fer suffisent à transformer la fille hautaine d’Alphonse de Rothschild , la Madame Ephrussi, si altière envers notre aristocratie, en une petite Juive fort humble qui, munie de toutes sortes de recommandations, serait bien heureuse et bien honorée si la cour de Russie daignait la recevoir, non pas sur le même pied assurément, mais à la suite de la femme de quelque vaillant officier qui, pour fortune, n’a que sa solde.
On a raconté le voyage que fit à Saint-Pétersbourg , au commencement de 1884, la belle triomphante de nos salons. A force d’importunités, d’influences mises en avant, l’Impératrice de Russie s’était laissée aller, bien à contre-cœur, à permettre qu’on lui présentât M me Ephrussi au Palais d’hiver . Le maître des cérémonies, raconte la Correspondance politique de Vienne, avait demandé comment il devait présenter cette Juive. — Vous me la présenterez en partant, répondit l’Impératrice. En conséquence, la fille d’Alphonse de Rothschild ne fut présentée à la tzarine qu’au moment où celle-ci quittait le salon dans lequel elle venait de s’entretenir avec plusieurs dames, avec la grâce qui lui est habituelle. Quant à M me Ephrussi qui, ce jour-là, était couverte d’une véritable pluie de rubis, elle n’eut m un regard, ni une parole de la souveraine.
L’an dernier, le gouvernement autrichien, qui est pourtant, au poi« l