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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA. FRANCE JUIVE

essayèrent de donner une petite fête. Cest une grande fête quil eût fallu donner. On sétoulfait dans les salons à ce bal des victimes, et, au premier rang, parmi les plus obséquieux, figuraient les malheureux déshonorés par les Rothschild , les pères, les frères, les soeurs de ces infortunés, les dHaussonville, par exemple, doublement atteints dans les dHarcourt el dans les de Broglie.

Quelle vision, pour lobservateur, que celle de toutes ces familles qui furent glorieuses, défilant en éclatante toilette sous les huées, à peine dissimulées, de quelques Juifs cosmopolites qui raillaient leur chagrin, comptaient combien de pauvres diables sétaient suicidés à la suite du Krach, demandaient tout haut si laffaire irait en police correctionnelle ou en cour d'assises, si le régime des maisons centrales était dur en France !

On a accusé certains romanciers contemporains dêtre irrespectueux envers le Passé, et de rire de choses qui furent augustes : quel tableau, à la fois sinistre et comique, tragique et burlesque, pourrait-on tracer qui ne fût inférieur à cette i-éalité?

Notez que cette dégradation est absolument spéciale à la noblesse française . Quelques heures de chemin de fer suffisent à transformer la fille hautaine dAlphonse de Rothschild , la Madame Ephrussi, si altière envers notre aristocratie, en une petite Juive fort humble qui, munie de toutes sortes de recommandations, serait bien heureuse et bien honorée si la cour de Russie daignait la recevoir, non pas sur le même pied assurément, mais à la suite de la femme de quelque vaillant officier qui, pour fortune, na que sa solde.

On a raconté le voyage que fit à Saint-Pétersbourg , au commencement de 1884, la belle triomphante de nos salons. A force dimportunités, din­fluences mises en avant, lImpératrice de Russie sétait laissée aller, bien à contre-cœur, à permettre quon lui présentât M me Ephrussi au Palais dhiver . Le maître des cérémonies, raconte la Correspondance politique de Vienne, avait demandé comment il devait présenter cette Juive. Vous me la présenterez en partant, répondit lImpératrice. En conséquence, la fille dAlphonse de Rothschild ne fut présentée à la tzarine quau moment celle-ci quittait le salon dans lequel elle venait de sentretenir avec plusieurs dames, avec la grâce qui lui est habituelle. Quant à M me Ephrussi qui, ce jour-, était couverte dune véritable pluie de rubis, elle neut m un regard, ni une parole de la souveraine.

Lan dernier, le gouvernement autrichien, qui est pourtant, au poi« l