qui parlent des vertus d’autrefois, des livres où revit la jeunesse de nos anciens écrivains, une femme intelligente, des enfants auxquels ils pourraient raconter les batailles où furent leurs pères. Pourquoi quitter tout cela ? Mon Dieu , c’est toujours l’atavisme qui, malheureusement, on le sait, transmet plutôt des défauts que des qualités.
Aller chez Rothschild pour eux, c’est aller à la Cour. Le roi des Juifs, le Juif des rois n’est pas tout à fait Louis XIV , mais ils ont l’illusion d’étre dans un palais.
La vie de Cour a été essentiellement parasitaire et cependant elle a ruiné ceux qui ont vécu dans cette atmosphère. Dans le commerce avec le Juif, le Chrétien, qui a l’air d’ètre l’obligé, ne gagne rien. On payait aux parasites la robe de festin, la Trechedipna, nécessaire pour se présenter décemment à table; les barons juifs acquittent sans doute de temps en temps quelques factures de couturières, Bleichrœder agit ainsi en Prusse , mais le comte Vasili, dans ses Souvenirs sur la société de Berlin , constate par quelles déshonorantes familiarités il fait payer le léger service qu’il rend: « Il sait obliger son semblable, dit-il, mais il éprouve un plaisir diabolique à faire sentir à un grand seigneur orgueilleux ou à une noble dame hautaine le poids de ses bienfaits. Il trouve une joie toute particulière à les humilier à l’aide d’une odieuse et grossière familiarité. Il tape sur l’épaule du jeune homme qui vient lui avouer une dette de jeu, baise les mains de 1a femme qui se trouve forcée de lui confier ses embarras et lui demande son aide pour payer sa couturière. »
Cet archi-inillionnaire, presque aveugle, assombri par la pensée que la mort va le venir prendre sur son lit de millions, est un type qui se reproduit à des milliers d’exemplaires dans le monde juif .
Au milieu de tous ces hommes qui se prosternent devant eux, mais qui leur sont supérieurs encore par l’élégance native, les Rothschild sont mal à l’aise quand même. Vous les connaissez. Aucun d’eux ne paye de mine.
Le baron Alphonse a cinquante-quatre ans, il en porte soixante-dix, ou plutôt il a peine à les porter; bien que sa taille soit ordinaire, il paraît petit; avec ses favoris blanchâtres, ses cheveux d’une nuance indéfinissable, il personnifie la décrépitude prématurée de sa race.
Ce qui frappe dans cette physionomie, c’est l’absence de regard, le clignotement perpétuel des yeux. Un diplomate étranger me faisait un jour remarquer cette particularité : « Il semble, me disait-il, que le reflet métallique de l’or que cet homme a contemplé toute sa vie ait éteint, usé