351
Bernard Palissy , des émaux de Petitot, des boîtes de Blarenbergbe, des Saxes, le miroir de M m0 de Pompadour , des coffrets aux armes de France , qu’on est tout étonné de rencontrer là.
La cheminée monumentale est décorée de médaillons italiens et surmontée, d’un buste de Minerve. Sur une plaque de marbre brun on lit en lettres d’or, où chaque mot est bizarrement espacé par un point, cette inscription qui chante le bonheur de la possession, la joie d’avoir un somptueux foyer, quand tant de malheureux Français sans gîte errent, le ventre creux, par les nuits d’hiver :
üoulce. est. la. vie. à. ia. Rien, suyvre.
Emmy. soyet. printens. soyet. hyvers..
Sous, blanche, neige, ou rameaux, verts.
Quand, vrays. amys. nous. la. font, vivre.
Ains. leur, place, à. tous. est. icy.
Comme, aux. vieulx. aux. jeunes, aussy.
(1570.)
L’album de maroquin, qu’on laisse traîner avec ostentation sur la table, éveille bien des pensées.
A la première page on lit: « Souvenir de la charmante journée du 16 décembre 1862 : Napoléon . » Un peu plus bas : «Souvenir d’amitié pour la charmante hospitalité du baron et de la baronne James de Rothschild , 20 novembre 1866 : Mathilde. »
CharmeSs charmés, charmeurs, tout est charmant, et brusquement, à la page suivante, apparaît un nom tracé en gros caractères : Wilhem, 21 septembre 1870. Guillaume, avant de quitter Ferrières, a tenu à mettre sa signature, non pas à la suite de celle de Napoléon III , mais en tête de la page suivante. Bismarck et de Moltke ont signé après lui, et le plus modeste officier, le dernier sous-lieutenant qui a passé là, a voulu, à son tour, que son paraphe ironique se dessinât sur le livre inauguré par l’Empereur des Français.
A côté de ces noms de vainqueurs, voici les noms des plus illustres représentants de la noblesse de France , et le contraste est douloureux. Les Allemands, qui figurent dans ce registre, sont entrés là par la force ; ils ont occupé la maison en vertu du droit de la guerre et exigé qu’on les servit, non en invités respectueux, mais en victorieux ; ils ont trinqué, non aux grâces de la baronne, mais à leur vaillant Empereur, leur seul maître après Dieu . Nos nobles, au contraire, sont venus là en sportulaires, courbant la tête, et tout heureux d’être accueillis.
Que de noms qu’on voudrait pouvoir effacer ! Que de chutes que les
■‘ w/ '.N •' a
Xri v «H