Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
556
Einzelbild herunterladen
  

b56

LA FRANCE JUIVE

Naturellement aucun nom nest omis. Voici le prince Murat, le duc de Broglie, Buffet, le comte de Turenne, le vicomte dHarcourt, le duc et la duchesse de la Bochefoucauld-Bisaccia, le duc de La Trémoille, le duc de Montmorency, le comte dAndigné,la duchesse de Fitz-James, le prince de Ligne, le prince de Léon, le comte de Mailly-Nesles, la comtesse de Cler­ mont-Tonnerre , la duchesse de Maillé, tout larmorial de France , en un mot, accouru pour adorer le Veau dor et pour proclamer à la face de lEurope que la richesse est la seule royauté qui existe encore.

Quand il y a fête, il va sans dire que toute la police est sur pied et quelle se permet, sans aucun droit, de défendre aux passants la circulation sur la voie publique. Si une rue de Paris était interdite pour une proces­sion, vous verriez immédiatement nos puritains de la gauche monter à la tribune ; humbles et rampants, selon leur habitude, devant les potentats juifs, iis se gardent bien dintervenir. Les journaux avancés agissent de même ; il ny a que Rochefort, qui, décidément, ne respecte même pas les têtes les plus hautes, qui se soit permis de blâmer cette prétention de gêner les autres quand on samuse, et qui se soit égayé de lidée, dailleurs singu­lière, « de barrer une rue le jour dun mariage. »

Il est rare quon ne rencontre pas, à lissue de ces cérémonies, le Mon­sieur attendri qui a déjà les yeux humides.

Vous savez lorigine de la fortune des Rothschild , nest-ce pas ?

Oui, jai entendu vaguement parler.

Au moment de larrivée des Français , lélecteur de Hesse confia cinq millions à Anselme Meyer de Rothschild.

Pas possible ?

Oui, monsieur, cinq millions.

Et alors ?

Alors, monsieur, Anselme Meyer les a rendus. Cest comme je vous le dis, il les a rendus !

Votre interlocuteur ny tient plus ; il fond en larmes au souvenir de ce beau trait.

Cest un produit de lépoque décadente nous sommes : cest un sen­sibilisé, un admiromane, pour employer une expression de Mercier. Il lais­serait égorger tous les Français sans protester, mais lhistoire de cette fortune lémeut. Il y a beaucoup de journalistes qui ont ainsi, dès quil est question des gros Juifs, des adfhirations de portière parlant du locataire du premier quia des chemises de soie; ils vénèrent sous eux. Quand il sagit des Rothschild , Ignotus, si indépendant dordinaire, est de cette école.

Demander vingt-cinq mille francs à des millionnaires pour leur faire