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LA FRANCE JUIVE
— C’est la protestation contre les décrets! dit un Juif en voyant monter dans sa voiture une duchesse gui, quelques mois auparavant, levait les yeux au ciel et criait à l’abomination de la désolation *.
Comment sont distribués les fonds ainsi recueillis? C’est une question qu’il serait peut-être imprudent de poser. Il en est de ces comités comme de certains comités électoraux.
Le comité Dupont Composé de Dupont,
Présidé par Dupont,
A désigné Dupont.
Jamais aucun compte bien net n’a été fourni. Les comptes de la loterie de Murcie n’avaient pas été liquidés au mois de mai 1883. On essaya d’interroger, à ce sujet, un M. Bidaut, conseiller de préfecture de la Seine, qui figurait dans le comité, maison n’en put jamais obtenir une réponse claire. Des faits étranges s’étaient passés à cette occasion, puisque, dès le 15 mars 1880, des négociants fort honorables, qui faisaient partie du comité, avaient rédigé le procès-verbal suivant que le Clairon areproduit dans son numéro du 20 mai 1883, sans que personne ait protesté :
Séance clu 15 mars 1880.
« Les membres du Comité du commerce et de l’industrie chargés de l’organisation de la loterie franco-espagnole, voulant poursuivre jusqu’au bout la mission qu’ils ont acceptée, mais désireux de ne pas endosser la responsabilité d’actes très regrettables, blâment énergiquement leur président, M. Jules Jaluzot , et passent à l’ordre du jour. >> (Adopté à l’unanimité des votants. — 12 voix, 2 membres s’étant abstenus.)
Quels étaient ces actes très regrettables? Malgré ce blâme formel, M. Jaluzot n’en resta pas moins président du comité. J’ai vu depuis, dans des feuilles publiques, que des alcades espagnols étaient poursuivis pour s’ètre indûment approprié des fonds, ce qui tendrait à indiquer que certains
i. Ce sont tout à fait les mœurs du Directoire , avec l'hypocrisie religieuse en plus el, en moins le tempérament, la vitalité débordante d'alors, le fier courage des conspirateurs royalistes. Dans son charmant volume la Française du siècle, Octave Uzanne cite un passage de la Journée de Paris , de Riffaut, qui est tout à fait dans la note du jour. Polichinelle raconte ses impressions dans un bal : « Je vis un beau jeune homme, et ce beau jeune homme me dit : Ah! Polichinelle, ils ont tué mon père! — Us ont tué votre père, et je tirai mon mouchoir de ma poche lorsqu’il se mit à danser :
‘ yigue, zague don don,
Un pas de rigaudon. »