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LA FRANCE JUIVE
Proust préféra agir obliquement, sans prendre l’avis de la Chambre. Il chargea un Juif de ses amis, un nommé Henri Hecht, dont le frère porte le prénom idyllique et printanier de Myrtil, d’acheter trois Courbet. Si l’économie l’eût guidé, le mal n’eût pas été grand; par malheur les chiffres prouvent que, si c’est à ce mobile qu’il a obéi, il a été bien déçu dans ses calculs.
Comment Hecht fit-il son compte? Je ne sais; ce qui est certain, c’est qu’il paya les tableaux destinés à l’État un prix absolument invraisemblable :
La Ceinture de cuir .20,000 francs.
L’Homme blessé . 11,000 —
La Sieste pendant la saison des foins . . 29,100 —
Le Combat de cerfs .41,900 —
VHallali du cerf . 33,000 —
Or, à part la Remise des chevreuils, qui est le chef-d’œuvre du maître, et qui atteignit 35,000 francs à la vente de Lepel Cointet, les tableaux de Courbet n’ont jamais été estimés aussi haut. Le Retour de la Conférence, la toile fameuse, a été payée à la vente de 1881, 15,000 francs, la Belle Hollandaise, 8,000 francs, les Amants à la campagne, 5,700. A la vente de 1882, la Baigneuse une toile fort connue encore, a atteint péniblement 14,000 francs, le Mendiant, 9,000 francs, les Lutteurs, 5,800 francs. Les autres toiles ont oscillé entre 3,000 et 4,000 francs.
A la vente Monteaux, la Vague a été payée, 1,800 francs.
A la vente Dussol, qui s’est faite le 17 mars 1884, dans d’excellentes circonstances, tous les journaux l’ont constaté, et qui contenait quelques Courbet intéressants, voici les prix obtenus :
Isaure en Bacchante . 2,900 francs.
Jeune Femme . 1,950 —
Vue d'Ornans . 3,000 —
Les Saules . 4,500 —
Marine ..'. 2,100 —
Remise avx chevreuils (effet de neige). . 3,800 —