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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FBANCE JUIVE

qui arrive à vendre cinq ou six cent mille francs au Musée de Berlin une collection de poteries moabites absolument fausse 1 2 !

Vous croyez que Saphira va sarrêter? Vous ne connaissez pas les­pèce qui va toujours devant elle sans mettre de bornes à la hardiesse quelle puise dans un insondable mépris pour nous. Saphira propose tran­quillement au Britisch Muséum de lui céder, moyennant un million de livres sterlings, un exemplaire du Deutéronome , écrit en caractères moabi­tes identiques à ceux de la stèle de Mesa, et qui naurait pas eu moins de 27 ou 28 siècles dexistence s. Laffaire fut presque sur le point de se con­clure, et elle eût réussi sans lintervention dun grand archéologue français , M. Clermont-Ganneau , qui dessilla les yeux des Anglais et démontra la fraude. De désespoir, Saphira vint se suicider à Rotterdam au mois de mars 188i, et, au mois de septembre 1885, le fameux exemplaire du Deuté­ ronome fut vendu cent francs à Londres .

Les courses sont plus ruineuses encore pour les hommes que lamour des faux bibelots. Le bookmaker, qu'un homme desprit a appelé un pick- poket arrivé, est dordinaire un Juif anglais . Le propriétaire dune des principales écuries de courses est un Israélite , mêlé à laffaire du Hondu­ ras , et condamné au mois de mai 1856 à deux ans de prison pour abus de confiance. Chacun connaît cette histoire. On a publié une lettre du duc Decazes du mois de juin 1875, qui prouve le fait jusquà lévidence. On tolère néanmoins cet intrus parce quil est Juif, et le Clairon lappelait de temps en temps notre sympathique propriétaire éleveur X. Nos élégantes continuent à porter, quand le cheval a été vainqueur, les couleurs dun escroc, comme leurs aïeules portaient, dans les tournois, les couleurs de quelque preux chevalier qui sétait signalé par sa vaillance.

1. Ces vases, fabriqués par un arabe du nom de Selim et Qâri représentaient des bonshommes analogues à ceux de la foire au pain dépice. Largile était absolument iden­tique à celle quemploient chaque jour les potiers de Jérusalem . « On voyait encore, dit M. Clermont-Ganneau, sous lune des faces, des petits disques de terée cuite dont plusieurs vases étaient remplis et quon a pris pour des monnaies et des tessères, lempreinte de la trame du linge sur laquelle la pâte molle avait été déposée pour être découpée en rondelles. »

Voir les Fraudes archéologiques en Palestine, de M. Clermont-Ganneau , qui est un des livres les plus amusants de ce temps-ci.

2. Le faussaire avait pris simplement un de ces grands rouleaux rituels de synagogue, contenant un texte biblique en caractères hébreux carrés, qui remontent à deux ou trois siècles; il en avait découpé les marges inférieures, il avait saucé ces bandelettes de cuir dans de lhuile de bitume et dautres ingrédients. Puis il avait transcrit sur ces bandes, à laide du galam, le roseau dont on se sert encore en Orient pour écrire, des passages du Deutéronome que les savants anglais déchiffraient avec un soin pieux, lorsque M. Clermont- Ganneau vint leur montrer la fraude.