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LA FRANCE JUIVE
oraison ou occupé à chercher le moyen de sauver son pays, ce malheur ne lui serait pas arrivé.
Ce qui est triste, c'est la honte qui rejaillit sur l’aristocratie par la faute de quelques désœuvrés. Faire son Petit cercle, pâmer rue Royale est maintenant l’expresBion adoptée par les ouvriers pour la tricherie au jeu.
Il est impossible que les Cercles ne soient pas déshonorés avec la manie qu’ont les gens du monde d’accueillir à bras ouverts tous les Juifs de l’univers. Un homme, que tout le monde a connu à Paris marchand de pastilles de sérail dans un passage, un cabaretier de la Petite Russie, un ancien laquais prussien ont-ils gagné quelque argent à la Bourse, les voilà reçus partout. Quand un scandale éclate, on n’oBe môme pas s’adresser à ceux-là, leur demander des éclaircissements sur leur famille, sur la façon dont ils se sont enrichis, sur ce qu’il y a au fond du train qu’ils affichent: on tombe unanimement sur un malheureux garçon de jeu, uniquement parce qu'il est Français . C’est absolument honteux.
Le club et les courses se chargent des hommes; la toilette ruine les femmes.
Les couturiers et les couturières sont presque tous d'origine juive : c'est un Juif, Dreyfus , qui est président de leur chambre syndicale. Ils ont déployé sur ce point un génie véritablement charmant, sinon complètement inventif. Félix fait bien joli ; Kahn, qui succéda à M me Laferrière, ne faisait pas mal ; mais Harah Mayer qui a « conçu » les deux robes de M"« Legault, dans les Rois en exil, a une imagination bien heureuse; c’est à elle encore, nous apprend le Figaro , « que M" e Legault doit le succès de ses dernières créations dans les Affolés et le Prétexte. » A Rodrigues cependant le pompon! Klle ne coud pas les robes comme on avait coutume jadis, aux temps barbares; elle les édite, du moins c’est le terme qu’employait mon aimable collaboratrice Étincelle, qui m’envoyait souvent des communications bien surprenantes dans cet ordre, lorsque je rédigeais avec elle dans un journal élégant, dum Athenœ florerent...
Le Juif n’a pu se défendre de mêler à cela sa pointe de gros sel. Les joailliers avaient fait porter aux hommes des petits cochons; on a affublé les femmes du monde d’espèces de selles postérieures, qui les font ressembler à l’animal qu’on a appelé « le vaisseau du désert, » et qui en serait plutôt le Polichinelle. On a placé les poches derrière le dos, ce qui donne à la plus gracieuse femme, cherchant son mouchoir, l’aspect malséant d’un dindon qui se gratte. Aucune de nos Parisiennes n’a rien compris à