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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

ces corsagières, ces garnisseuses, ces manchières, à senquérir de ce quelles gagnent, de la façon dont elles vivent'.

Nulle trace de pitié non plus pour ces pauvres vendeuses des grands magasins qui, au moment des ventes exceptionnelles, restent dix ou douze heures debout, impitoyablement mises à lamende quand elles sasseyent en dehors des repas. Nulle attention à ces malheureuses qui, aux époques douloureuses de lexistence féminine, toutes pâles, sentant les objets tour­billonner autour delles, se tiennent aux meubles pour ne pas tomber. La pensée qui attendrit parfois le cœur dur des Protestants de Dickens : « Si jétais comme cela! » ne vient pas à nos chrétiennes; elles ne songent pas à faire ce quont fait les femmes dAmérique qui, un jour, se sont entendues et ont dit aux propriétaires des grands magasins : « Nous vou­lons que nos sœurs les employées aient le droit de sasseoir. »

Lamour de la toilette nest plus cette coquetterie relativement inno­cente et gentille quont eue les filles dEve à tous les siècles, cest une sorte didée fixe, de vice impérieux et sombre comme le vice du baron Hulot 1 2 . Ceux qui servent ce culte idolàtrique sont lobjet dun respect

1. Lœuvre des Cercles catholiques seule sest préoccupée (le cette question et le Contrôle hebdomadaire qui signale tout ce qui se produit dintéressant dans la question ouvrière, a reproduit, dans le n° du 8 juillet 1885, une lettre adressée au journal le Matin sur ce sujet. « Je puis vous citer, dit lauteur de cette lettre, telle couturière de la rue de Kivoli qui a près de quarante femmes ou jeunes filles dans une seule chambre aérée par une seule fenêtre. Les personnes les plus fortes et les mieux nourries ne tarderaient pas à tomber malades dans une pareille atmosphère. Combien plus vite encore s'étiolent, saffaiblissent et souvent meurent, des enfants assez mal nourries en général, puisque celles qui napportent pas avec elles leur petit déjeuner sont obligées d'aller manger à la gargotte !

En outre, et cest sur ce point que j'appelle votre attention encore plus spécialement, on fait veiller ces jeunes filles et ces jeunes femmes jusqu'à neuf heures, souvent minuit) Alors ce nest plus leur déjeuner, cest leur dîner quelles prennent à la gargotte, et comme souvent elles nen ont pas les moyens, elles mangent un morceau de paiti et dinent en rentrant chez elles. Or, comme elles demeurent loin de la maison elles travaillent, toutes sans exception, elles mangent à onze heures du soir ou à minuit passé, et se couchent- dessus, mortes de fatigue, digérant mal, et en peu dannées, pour ne pas dire en quelques mois, sabîment complètement la santé. »

Lauteur de cette lettre termine eu disant :

« Si nos conseillers socialistes soccupaient un peu de leur affaire au lieu de débaptiser les rues et de faire de la politique, ils obtiendraient facilement une organisation comme celle qui régit les ateliers de femmes en Angleterre... »

Le rédacteur chargé du Contrôle aurait ajouter : « Si les grandes dames qui affichent bruyamment des sentiments charitables, pour avoir loccasion de shabiller en Japonaises, avaient véritablement un cœur chrétien, elles auraient vite fait disparaitre ces abus ; il leur suffirait de conslituer un comité chargé de mettre en interdit les maisons, pour la plupart juives, lon exploite ainsi des créatures humaines. »

2. Le nom de Hukd a été humblement porté par trois officiers géuéraux qui se signa­lèrent pendant les guerres de lEmpire. Aucune confusion nest possible entre eux et le per­sonnage de vieux débauché qu'a peint llalzac. lour être agréable à une famille dont les