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l’ARIS J U11•’ ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
ne... da Y... est un ange. Tous les matins la belle élégante reçoit, avec une exactitude désespérante, une magnifique botte d’asperges I
On voit que tout ceci n’est pas d’un goût bien déiicat. Les histoires de ce genre, qu’il serait facile de multiplier, les récits d’adultères, de séparations, d’accommodements entre le mari et l’amant, n’auraient qu’un intérêt de scandale et ne rentreraient pas dans le cadre de ce travail, qui est exclusivement une étude sociale.
La mondaine n’a même plus de respect de sa propre beauté, la haine instinctive de tout ce qui déforme ou enlaidit, de tout ce qui blesse les lois d’une certaine élégance supérieure qui est une des manifestations de l’art ; elle aime au contraire l’étrange et le baroque, le bas, ce qui' la rapproche un peu de l’animalité.
Quelle vision encore du Paris contemporain que ce bal des bêtes, donné au mois de mai 1885 par la princesse de Sagan! Cette fois, c’était bien à l’àme de la femme française elle-même que le gouvernement s’attaquait ; on venait de profaner le sanctuaire de la douce et poétique patronne de Paris , de Geneviève, la sainte et la bergère dont le nom rayonne sur les commencements de notre histoire avec une fraîcheur d’aurore. A défaut d’une foi bien vive, la plus élémentaire délicatesse, une pensée de solidarité féminine, auraient dû commander à de grandes dames comme la duchesse de Bisaccia, qu’Etincelle appelle en toute occasion « une chrétienne incomparable » de ne pas choisir ce moment pour se déguiser en animal. Ces gens-là se disputèrent le petit carton où était représentée l’entrée d’un bal avec cette inscription : « Un animal, un franc ; un animal et sa dame, deux francs. »
Il ne s’agit pas ici de rastaquouères, d’étrangers. Tout l’armorial de France , toute la vraie noblesse est présente à cette fête sans nom, à cette espèce de prostitution de soi-même qui, dit justement l’Univers, inspire une sorte d’épouvante.
Le Gaulois nous donne d’abord le nom des convives du dîner :
Comte et comtesse F. de Gontaut, duc et duchesse de Gramont, vicomte et vicomtesse de Turenne, baron et baronne de Vaufreland, comte et comtesse de Gastries, vicomte et vicomtesse de Chavagnac, prince et princesse de Léon, comte et comtesse M. d'Amilly , marquis et marquise des Mous- tiers, comte et comtesse de Vogué, comte B. de Boisgelin, comte R. de Fitz- James, comte et comtesse A. de la Rochefoucauld, baron et baronne de Noirmont, M. et M“° d’Espeuilles, comte et comtesse de Mieulle, vicomte et vicomtesse des Garets, duc et duchesse de Bisaccia, marquise de Gallifïet, lady Dalhousie, comte et comtesse de Kersaint, M. et M® e O’Connor, marquise de Talleyrand , M. et M"“ Lambert, comte et comtesse de Saint-Gilles,