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il avait établi enfin que les manœuvres coupables avaient été commises « par Mayer, publiciste et banquier à Paris , dans un journal, la Réforme financière. »
Dans l’aftaire de la Nouvelle France on n’avait pas hésité à poursuivre M. Sumien, qui n’était qu’un simple journaliste insérant des annonces ou des avis; mais il eût été chimérique de penser que Loew, ou un magistrat quelconque des nouvelles couches poursuivît Mayer qui avait organisé la même entreprise malhonnête. Néanmoins, ce blâme tout platonique lui déplut encore, et il saisit l’occasion de s’en venger.
Nos officiers français eux-mêmes sont tout petits garçons devant ce Juif. A l’occasion du l-l juillet 1883, la Lanterne publie je ne sais quelle infamie contre M. de Yaulgrenand, colonel du 22 e régiment d’artillerie à Versailles . Le lendemain, le bureau du journal est plein d’officiers; le colonel de la Valette et Morlière, arrivés les premiers, se rencontrent là avec une escouade d’officiers du 22 e régiment d’artillerie. Que viennent faire là tous ces messieurs? Demander une réparation à Mayer ? Ce serait là une prétention bien chimérique. Ils viennent, le journal vous le dit en italiques, porter témoignage en faveur de leur colonel.
N’est-ce pas précieux encore pour l’histoire psychologique de ce temps, ces héros, ces beaux soldats des grandes batailles, ces Français se dérangeant pour venir plaider la cause de leur colonel devant un immonde Juif de Cologne , moitié chanteur, moitié espion?
Ce sont là de ces aberrations, de ces faiblesses, de ces gallicismes moraux qu’il est presque impossible de faire comprendre à un Anglais ou à un Allemand . Les officiers allemands , ces disciples d’Hegel en uniforme, qui veulent expliquer tout par des théories philosophiques, vous embarrassent particulièrement par leurs interrogations à perte de vue.
— Enfin vos officiers sont très braves, nous les avons vus au feu, ils sont superbes; comment se laissent-ils traiter ainsi?
L'absence de tout courage intellectuel est toujours la seule explication qu’on puisse donner. On ne peut que faire relire aux étrangers, pour démontrer cette absence de tout ressort pour résister, l’exécution des trente-sept gendarmes et gardes de Paris , comme otages de la Commune. Ces hommes dans toute la force de l’âge, d’une intrépidité incontestable, ils l’ont prouvé par leur mort, se laissèrent conduire à l’abattoir par une escorte de trente-cinq hommes qui ne demandaient qu’à les laisser s’évader. Tout le long du parcours, la population, qui était favorable, lesencou* ^geait à s’en aller. Dans le haut de la rue de la Roquette, une femme leur