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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

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Les juges déclarèrent donc que le Conservatoire était quelque chose comme un temple de la morale, et que, par conséquent, il était légitime que M. Rapaport y fit entrer sa fille.

Fort de ce jugement, il garda lenfant avec lui et se mit à la promener partout, au théâtre, au bois, dans les fêtes interlopes, et toujours dans des toilettes à sensation. La mère, désespérée, ny pouvait rien: le jugement était.

Lenfant, cependant car cétait une enfant encore ne voulait pas être vendue, se défendait.

Il y a quelque temps, M. Rapaport, ne désespérant pas de vaincre enlin sa résistance, eut lidée de linstaller somptueusement pour mieux la mettre à la mode. Il lui louait donc, à son nom, avenue dAntin, 29, un appartement de 8,000 francs par an, et il le lit très richement meubler. 11 devait sy installer avec elle le 15 courant.

La jeune fille ne sobstina que davantage dans ses résistances, que le misérable appelait « de lingratitude. »

Dimanche dernier, M. Rapaport adressait à son fils la lettre quon va lire. Dès ce moment, voyant sécrouler ses rêves honteusement dorés, il avait résolu de tuer celle qui ne voulait pas lenrichir.

Voici la lettre :

« Dimanche, le 10 décembre 1882.

« Mon fils bien-aimé,

« Ta sœur ingrate ma poussé à bout. Elle ma insulté au dernier degré; « de tous les côtés, je suis malheureux. Ta sœur est maudite par moi, « la mort est préférable, je regrette de ne pouvoir te dire adieu. Je te « souhaite tout le bonheur possible.

« Je tembrasse pour la dernière fois.

^ « Ton père qui taime. »

Ajoutons que le pauvre enfant, à qui cette lettre était adressée, ne la pas reçue. Il ne sait encore rien de toute cette tragédie, et il est à linfir­merie de sa pension, assez gravement malade, par suite des émotions terribles que lui avait causées, lors de sa dernière sortie chez son père, une scène épouvantable entre celui-ci et sa sœur, scène qui faisait suite à cent autres du même genre. Le misérable trouvait ses projets si naturels quil ne les cachait même pas devant cet enfant.

Quelques journaux ont dit que M 11 'Rapaport avait un amant, et que cet amant, un riche Espagnol , était à peine parti depuis quelques minutes lorsquelle a été frappée.

Cest une calomnie, et il résulte de lexamen médical que son père la poignardée pendant son sommeil.

Depuis quelques jours, elle était poursuivie par de sinistres appré­hensions et senfermait à double tour, mais son père, à son insu, sétait fait faire une double clef de la chambre.

Les autres journaux présentent le drame sous un aspect tout dillérenb